Nombre de messages : 6045 Age : 67 Localisation : Québec Date d'inscription : 15/01/2006
Sujet: FRANKENSTEIN - BERNARD ROSE Jeu 15 Juin - 21:34
FRANKENSTEIN - Bernard Rose avec Xavier Samuel, Carrie-Anne Moss, Danny Huston, Tony Todd, 2015, États Unis/Allemagne, 89m
Los Angeles. Un couple de chercheurs créent un être humain artificiel qu'ils nommeront Adam. Malheureusement sa condition se dégrade rapidement et ils décident de mettre fin au cobaye, de détruire le résultat de leurs travaux pour recommence à nouveau. Malgré son cerveau un peu lent, il a la force de dix hommes et la perspective de perdre la vie qu'il débute ou de quitter sa mère adoptive ne fait guère son affaire. Il s'enfuit donc et va croiser des gens qui l'aideront à comprendre sa vie et le monde qui l'entoure, spécialement un aveugle qui l'accueille comme un être normal. Les forces de l'ordre et la fatalité du destin vont s'acharner sur son sort.
Mais ou était donc passé Bernard Rose depuis son magnifique Candyman ? Hé bien, à part un certain Snuff Movie que je n'ai pas eu l'occasion de voir, il exerce son métier en refusant d'être coincé dans un genre. On ne peut pas lui en vouloir, mais je suis drôlement heureux de le revoir dans un genre qui m'intéresse, réinterprétant le livre de Mary Shelley de manière superbe. Il reviens à l'essence du mythe, le personnage torturé par un monde dans lequel il est jeté trop rapidement, une puissance de la nature, sans le vernis de la civilisation. Une figure tragique, plus près de l'interprétation de Karloff, en ce sens qu'il est le personnage le plus humain dans une histoire peuplée de gens sans morale, cruels. Rose reprends des scènes classiques, comme celui de la petite fille et de l'eau ou l'amitié avec l'aveugle, les réinventant et arrivant à nous surprendre constamment. Il arrive aussi à faire passer la voix off d'Adam, un procédé souvent discutable, pour essentiel dans ce contexte: le monstre pense normalement mais s'exprime verbalement avec difficulté.
Xavier Samuel est extraordinaire dans ce rôle difficile. Physiquement et mentalement il est torturé, dysfonctionnel. Le maquillage le dépeint plus comme une victime du sida, sa peau étant de plus en plus malmenée, son corps se dégradant. Paradoxalement, son cerveau absorbe la civilisation de la pire manière, croisant des hommes brutaux, le traitant comme une bête sauvage, sans merci. Le scénario intègre la technologie moderne et Adam saura écouter un gps pour retrouver le labo qui l'a vu naître. On devine que la fin ne peut qu'être dramatique et c'est avec une séquence un peu rapide que le drame se conclut. Pour sa part Carrie-Anne Moss est magnifique en mère par procuration, Adam sera déchiré de s'en séparer et cherchera à la retrouver sans cesse. Danny Huston est Victor Frankenstein, reprenant à sa manière le célèbre It's Alive de Colin Clive. Tony Todd est encore une fois remarquable en musicien aveugle, son destin comme celui de bien des personnages secondaires, n'en sera que plus poignant. L'ensemble des rôles secondaires sont efficaces, mention spéciale à Maya Erskine en prostituée touchante. Si les adaptations de la créature de Frankenstein pullulent au cinéma, le film de Bernard Rose peut être placé parmi les réussites.