Recu par courriel ce visionnement tant attendu !
KING KONG - 1976 - États-Unis/Italie - 134 minutes.
Réal.: John Guillermin Int.: Jeff Bridges, Jessica Lange, Charles Grodin, John Randolph, René Auberjonois, Julius Harris, Jack O'Halloran, Ed Lauter, Dennis Fimple, Jorge Moreno, Mario Gallo, John Lone, John Agar.
Ayant appris qu'une île inconnue du Pacifique recèle fort probablement du pétrole, un représentant de la Petrox, Fred Wilson, organise une expédition vers cette île. Un pétrolier quitte donc secrètement l'Indonésie mais un paléontologue, Jack Prescott, réussit à monter clandestinement à bord pour ensuite révéler à Wilson et à son entourage que cette île n'est peut-être pas si inconnue et que les indices ayant indiqué la présence de pétrole peuvent très bien aussi indiquer la présence d'un animal gigantesque. Après que Wilson ait vérifié l'identité de Prescott, il décide de faire de lui le photographe officiel de l'expédition. Une prétendue actrice, Dwan, est repêchée plus tard à bord d'un canot de sauvetage alors que son bateau a coulé. Arrivé sur l'île, qui est camouflée par une grosse nappe de brouillard, l'expédition découvre la présence d'indigènes vivant derrière un gigantesque mur. Ceux-ci kidnappent Dwan pour la donner en offrande à un gorille géant qu'ils considèrent comme leur Dieu. Alors qu'un groupe de personnes dirigée par Prescott part à la recherche de Dwan, Wilson décide de capturer le gorille géant baptisé Kong puisque le pétrole sur l'île n'est pas exploitable. Prescott parvient à sauver Dwan au risque de sa vie et Kong est capturée un peu plus tard grâce à des somnifères. Présenté à New York comme bête de foire publicitaire de la Petrox, Kong, mis en colère à cause des flashs des appareils photos, se libère de ses chaînes et sème la panique dans la ville jusqu'à ce qu'il retrouve Dwan et l'emmène au sommet des tours jumelles du World Trade Center. L'armée parvient finalement à abattre Kong malgré la promesse faite à Prescott par les autorités de le capturer sans le blesser.
Étant donné la crise pétrolière qui faisait rage depuis 1973, ce remake du classique de 1933 contient un arrière-goût prononcé d'essence mélangée avec de beaux billets verts. La publicité du film se fonde d'ailleurs sur une grosse arnaque prétendant que le King Kong de cette version est une créature robotique conçu par Carlo Rambaldi. En y regardant bien toutefois, on se rend vite compte à l'écran qu'il s'agit d'un acteur dans un costume alors que la création de Rambaldi n'apparaît grosso modo qu'une fraction de seconde. Les effets de transparence et les autres trucages de ce film se révèlent d'ailleurs bien inégaux et souvent rigolos (ex. lorsque Kong piétine des passants en panique après s'être libéré à New York) comparés à la version originale de King Kong. L'intrigue ne recèle aucune magie par rapport à la version de 1933, que ce soit dans la justification de base pour souligner le thème de la course au profit (la recherche de pétrole), la relation romantique peu édifiante entre Kong et Dwan (comme si la Belle et la Bête était passées à l'émission d'Oprah Winfrey) et la conception de l'île perdue où vit Kong qui a l'air d'une île comme tant d'autres et qui ne contient aucun animal préhistorique ni rien d'attrayant en dehors d'un serpent géant plutôt ridicule. La mise en scène de Guillermin (qui a déjà fait mieux) est à l'image de la vision du film par son producteur Dino De Laurentiis; lourde, cynique, désillusionnée, froide et trop pragmatique. De quoi faire passer THE MIGHTY PEKING MAN fait l'année suivante pour un chef-d'oeuvre de subtilité.
En clair, le signe de $ apparaît bien plus suggéré à l'image que l'idée d'égaler, voire de surpasser le mythique film de Cooper et Schoedsack car l'émotion est complètement absente de cette version étant donné le ton de mélodrame adoptée par les auteurs. Les personnages sont d'une conception représentant des archétypes si radicalement opposés (le capitalisme opportuniste du pétrolier, la naïveté et la superficialité artificielle de Dwan, le caractère hippie et contestataire du savant) que les conflits entre eux relèvent plus de la caricature pur et simple que d'une imagination créative qui aurait pu les rendre crédibles. Seuls quelques moments relèvent la sauce trop épaisse du film de temps en temps, bien que quelques erreurs de montage n'arrangent pas les choses. Retenons toutefois la superbe prestation de Rick Baker dans le costume de Kong, qui mériterait un Oscar rien que pour la conviction de son jeu et l'excellente musique de John Barry. Encore heureux que Jeff Bridges et Jessica Lange (dont on voit quand même un joli bout de sein dans ce film) ont pu tourné de bien meilleurs films par la suite où ils ont su faire montre de talent. Dans le rôle de Fred Wilson, Charles Grodin cabotine comme s'il cherchait à imiter Burt Reynolds dans ses pires moments. Pour résumer le tout, ce KING KONG "très moyen" se regarde et s'oublie aussi vite, d'autant plus que la récente version de Peter Jackson va certainement dater ce film davantage, au point de le jeter aux oubliettes peut-être. Pour prouver cependant qu'ils pouvaient faire pire, De Laurentiis et Guillermin récidiveront avec une suite psychotronique encore plus drôle en 1986 nommée KING KONG LIVES déjà magnifiquement résumée et critiquée avec humour par Kitano Jackson.
MATHIEU LEMÉE
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Mario aka Blanc Citron