FUNERAL PARADE OF ROSES - Toshio Matsumoto, 1969, Japon

aka: FUNERAL PROCESSION OF ROSES; aka: PARADE OF ROSES

Toshio Matsumoto est l'une des figures de proue du cinéma expérimental nippon. Fortement influencé par la vague expérimentale américaine du début des années 1960 (dans son film, il cite Jonas Mekas, mais injecte aussi des références visuelles au mouvement des "flicker boys"), son cinéma est également imprégné de la Nouvelle Vague française. Ces deux courants marginaux cohabitent ici pour les besoins d'une adaptation du mythe d'Oedipe dans le milieu underground gay du Tokyo de la fin des années 1960 - milieu alors extrêmement méconnu au pays du soleil levant à tel point que FUNERAL PARADE OF ROSES pourrait bien être le premier film japonais à s'y intéresser. Le film de Matsumoto marque les débuts du véritable travesti Peter - alors âgé d'à peine 17 ans - et qui fut remarqué par la suite dans certains films mémorables comme le 21ème épisode de ZATOICHI (LE SHOGUN DE L'OMBRE), RAN d'Akira Kurosawa ou même GUINEA PIG 6. Ici, son look androgyne et sa troublante féminité en font un personnage fascinant qui mêle force et fragilité. Ce paradoxe incarné suscite convoitise et jalousie…
C'est au travers de son personnage que le récit oedipien va prendre place: meurtrier d'une mère célibataire peu aimante, il deviendra l'amant d'un dealer de drogues tenancier d’un bar gay qui n'est autre que son père. Cette trame permet à Matsumoto de dépeindre un milieu furieusement alternatif où nombre d'hommes se travestissent en femmes, arborent des masques dont ils ne comprennent pas toujours le sens. Il en va de même pour le personnage de Guevara, âme révolutionnaire portant une barbe postiche pour se donner le look du révolutionnaire communiste - car pour Matsumoto le masque en question ne touche pas le milieu homo en particulier mais tout un pan de la jeunesse contemporaine qui passe son temps entre soirées défonce et sexe déviant. Une recherche de personnalité et d’identité peut-être due à une présence américaine d’après-guerre encore bien réelle, comme on peut l’imaginer en voyant cette séquence surréaliste de manifestants anti-américains portant justement des masques blancs, donc impersonnels.
La démarche du réalisateur va évidemment à l'encontre de tous les standards narratifs. Ainsi le film se voit-il caviardé de séquences purement expérimentale mais aussi documentaires lors desquelles les acteurs du film sont questionnés face à la caméra au sujet de leur intérêt dans le travestissement et leur opinion de la scène gay. Une sorte de making-of intégré en quelques sortes qui rappelle que la majorité des protagonistes du film ne sont pas des acteurs.
Esthétiquement parlant, le film affiche un style visuel extrêmement travaillé: noir et blanc contrasté, plans esthétisant, cadrages inspirés de la peinture (Matsumoto était peintre avant de devenir cinéaste) et musique instrumentalement synthétique. C'est cette approche - aussi bien au niveau du style visuel que de la bande sonore - que Stanley Kubrick empreinte pour son ORANGE MECANIQUE: certaines scènes sont d'ailleurs tellement proches du film du génie britannique qu'on se sent bien obligé de lui enlever du crédit.
FUNERAL PARADE OF ROSES est définitivement atypique, fascinant à bien des égards, hypnotisant à bien des instants, mais il souffre malheureusement d'un manque de rythme qui le rend parfois un peu dur à suivre. Son visionnement reste malgré tout indispensable pour tout amateur de cinéma "autre" et son climax sanglant récompensera les spectateurs les plus attentifs.

Kubrick était boulimique de cinéma, j'ai vu des influences iyaliennes dans des scènes de THE SHINING, en même temps, il était pas mal Kubrick et j'ai toujours dit que personne ne crée dans le vide ...

Il est rare de tomber sur des cinéastes qui ne sont pas influencés, mais là certaines scènes sont tellement similaires à celles d'Orange Mécanique que ça en devient renversant. C'est aussi énorme que Tarantino citant ses classiques!

Mais ça ne change rien au fait que je suis admirratif du travail de Kubrick et qu'Orange Mécanique reste l'un de mes films de chevet.

le film eh magnefique, une favorite avec moi.

regarde ici. http://www.bensonsworld.co.uk/dvd/7000000114125.asp

lel'hommemort a écrit:

le film eh magnefique, une favorite avec moi.

regarde ici. http://www.bensonsworld.co.uk/dvd/7000000114125.asp

Nice description.
Did you write it?
I haven't read the essay by Jim O'Rourke yet, but I'm sure it's extremely interesting (this guy is, like Matsumoto, a visionar)

Bienvenue au club, Welcome to the club, Le L'Homme Mort !

Kerozene a écrit:

lel'hommemort a écrit:

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that's just a link to the site i wrote this.

t's one of the best and psychologically weird movie i have ever seen. the style and experiemental direction in one of the most haunting and original styles since tatsuya nakadai in the film the face of another, as it is one of my films. i recommend you check this flick out, it's actually one of stanley kubricks favorite films of all time, and had some inspiration on some of his visions for his underrated classic a clockwork orange. picture quality is of an exceptional quality, but has minor ghosting and a bit of contrast boosting. the sounds is great and crisp. the extra's are pretty good for what you pay for. the subtitles are also great with little to no mistakes

I do not know Nakadai, I'll try to check the film you mentionned. Thanks.

Clockwork Orange underrated?
Weird, seems to me that this film has alway ben highly respected by movie fans.

Si tu veux découvrir un peu nakadai kero, j'ai tout un tas de films dans lesquels il est la vedette, c'est juste l'un des plus grands acteurs japonais de tous les temps, il a une approche du jeu d'acteur viscerale et complexe qui rend chacune de ses prestations renversantes et bouleversantes.

Il a d'ailleurs joué dans quelques un des plus grands films japonais jamais tournés (la condition de l'homme de kobayashi, le sabre du mal, goyokin, Ran ou encore kagemusha et j'en passa)

Si ça te dit j'ai ça en stock....