Nombre de messages : 6045 Age : 67 Localisation : Québec Date d'inscription : 15/01/2006
Sujet: La PASSION DE JEANNE D’ARC - 1928 Sam 23 Déc - 10:09
La PASSION DE JEANNE D’ARC - Carl Theodor Dreyer avec Maria Falconetti, Eugene Sylvaib, André Berley, 1928, France, 82m
En 1431, Jeanne d’Arc subit son procès pour hérésie.
Je me rappelle encore après la sortie du film de Luc Besson sur Jeanne d’Arc, l’émission Apostrophe recevait le réalisateur et trois historiens qui débattaient sur les faits historiques et la pertinence de diagnostiquer ou non la Pucelle D’Orléans en tant que schizophrène. J'étais curieux de voir cette version de Dreyer.
Dreyer se concentre sur le procès, tel que rapporté méticuleusement à l’époque. Le film, censé être parlant, sera muet au vu des difficultés des débuts de technique d’enregistrement. On a donc droit à énormément de plans de personnages qui parlent, avec de courts cartons. La magnifique Maria Falconetti, en Jeanne D’Arc, est essentiellement cadré en gros plans sur son visage regardant vers les cieux, transcendée, lumineuse. Aucune question ne semble possible, elle est en état de grâce pour le spectateur. Autour d’elle une galerie de personnages tous plus grotesques les uns que les autres. La tyrannie, la machination patente est évidente, la chute de l’accusée préméditée, les fourberies n’en sont que plus pénibles. Pendant que la foule de paysans se masse autour du château de Rouen ou se passe le simulacre de justice, Jeanne flanche, pas longtemps, et est inévitablement condamnée au bucher. La caméra étire les minutes cruelles sur son visage et son corps en proie aux flammes.
Un sort funeste qui attend le premier montage qui passe aux flammes également. Dreyer remonte le film avec des plans précédemment écartés. Le film sera alors perdu pendant des années, retrouvé et restauré. La version que j’ai vue, sur une magnifique musique d’orgue en direct, ne durait que 82 minutes. Parfois près de l’expressionnisme allemand, malgré les coupes, le film demeure un incontournable pour qui s’intéresse au cinéma, à l’histoire et à ce personnage singulier. Mario Giguère