Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: LE VISAGE D'UN AUTRE - Hiroshi Teshigahara, 1966, Japon Sam 20 Oct - 7:47 | |
| aka: THE FACE OF ANOTHER; aka: I HAVE A STRANGER'S FACE; aka: STRANGER FACE; aka: TANIN NO KAO M. Okuyama, un homme dont le visage a été brûlé à l'oxygène liquide, bénéficie d'un suivit psychiatrique prodigué par un toubib visionnaire. Profondément perturbé par son accident, Okuyama vit désormais le visage enturbanné, ce qui provoque en lui de nombreux questionnements identitaires. Pire encore, sa femme le repousse malgré des efforts évidents pour l'accepter, mais le handicape de son mari provoque en elle un inévitable blocage. Le toubib propose alors à Okuyama de lui fournir un nouveau visage: un masque en peau synthétique qui lui permettra de se déplacer sans avoir à se dissimuler derrière des rubans blancs. L'expérience est expérimentale et le doc ne demande en échange qu'un rapport régulier des impressions de son patient. Ce dernier accepte et doit appendre à vivre avec une nouvelle identité, le masque en question représentant un autre visage que le sien. Okuyama possède un nouveau visage, et contre toutes attentes, ce n'est pas le visage qui s'adapte à son porteur, mais le porteur qui adapte sa personnalité à son nouveau visage... Si le thème du film a été exploité à de maintes reprises dans le cinéma fantastique, le film de Teshigahara a pour lui les avantages d'une beauté formelle transcendante ainsi et d'une approche narrative plus proche du pensum philosophique que de la pelloche bisseuse. Intelligentes et pertinentes, les questions posées par l'auteur au sujet de la schizophrénie grandissante de son personnage sont accompagnées d'images plastiquement stylisées orientant son film vers ce qui s'apparente par moment à une oeuvre d'art contemporaine où les protagonistes évoluent dans un cadre épuré rappelant l'univers médical, et quasi surréaliste en même temps comme pour marquer le fait que nous sommes bien dans une oeuvre de science-fiction. Le final, dans lequel Okuyama tente sous sa nouvelle identité de reconquérir sa femme, marque le point d'orgue du récit, balayant d'un revers de main les illusions auparavant concrétisées par un fantasme malsain. En parallèle, le film suit les mésaventures d'une jeune femme défigurée sur la moitié du visage, ce récit s'avère malheureusement être de trop et ralentit passablement l'histoire principale - il est paraît-il parfaitement intégré dans le roman originel d'Abe Kôbô (dont Teshigahara adapta pas moins de cinq romans entre 1962 et 1968). Cela ne nuit en rien à la pertinence de LE VISAGE D'UN AUTRE, qui bien que souffrant de longueurs, est un film esthétiquement envoûtant et diablement entêtant. | |
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