Jean-Pierre Mocky signe un brûlot "contre le cinéma devenu une industrie"
PARIS (AFP) - Le cinéaste Jean-Pierre Mocky publie mercredi une critique en règle du cinéma français dans un véritable brûlot intitulé "Cette fois je flingue", dans lequel il désigne "l'industrialistion du 7e art" et "la censure économique" comme fossoyeurs de la liberté de création.
"Si j'étais parano, je pourrais même poursuivre les distributeurs pour tentative d'assassinat culturel sur la personne d'un vieil +anartiste+", écrit Jean-Pierre Mocky, 77 ans et une cinquantaine de films satiriques à son actif, dont les derniers opus n'ont pas trouvé de réseau commercial.
"Ce pamphlet n'est pas dicté par la rancoeur, encore moins par l'esprit de vengeance (...) Ce +J'accuse+ se veut un manifeste de juste colère en faveur du cinéma d'auteur. J'y livre mes expériences afin que des jeunes artistes indépendants trouvent là des raisons de s'accrocher et de prendre la relève en toute liberté", explique le cinéaste qui prend particulièrement pour cible les "producteurs-distributeurs".
Rien ne trouve grâce aux yeux de Jean-Pierre Mocky qui n'a jamais mâché ses mots : ni le Centre national de la Cinématographie qualifié de "funérarium des films d'auteurs", ni la télévision ("capote anglaise du cerveau qui censure en passant un film à l'heure où la France dort"), ni les Césars ("une mascarade, le pire qui puisse être dans une société d'autocongratulation").
Propriétaire à Paris d'une salle de cinéma d'art et d'essai, "Le Brady", où il programme notamment ses films, Jean-Pierre Mocky publie dans ce brûlot une "lettre à un jeune cinéaste qui ne veut pas mourir c...".
"Je ne te promets que du sang et des larmes. Chaque film est un acte de guerre", écrit notamment le cinéaste, suggérant au passage la création d'une "Villa Médicis pour le septième art".
Jean-Pierre Mocky conclut son pamphlet par "une supplique à qui prétendra être le nouveau président de tous les Français" : "Madame, Monsieur, je vous prie d'oeuvrer pour l'attribution d'un RMI de l'artiste (...) pour sauver des milliers de consommateurs du décervelage programmé", ajoute-t-il.
"Cette fois je flingue", éditions Florent Massot 265 pages, 18,90 euros.