BLOOD OF NOSTRADAMUS aka La sangre de Nostradamus - Federico Curiel avec German Robles, Domingo Soler, Julio Aleman, Aurora Alvarado, 1961, Mexique, 98m
Notre vampire a plus d’un tour dans son sac et il est bel et bien toujours vivant, ou mort vivant, si vous préférez. Il annonce en grande pompe que le commissaire de police sera la prochaine victime, mort le 13 au matin. Bien que crédule, la future victime écoute les conseils du professeur Dolan et s’entoure de ses meilleurs effectifs la nuit du 12, attendant l’arrivée de son adversaire ! Pendant ce temps, Dolan a reçu la dernière pièce qu’il manquait à son équipement pour complètement désorienter une chauve souris, espérant ainsi vaincre Nostradamus.
La prochaine victime annoncée est une chanteuse de cabaret, ce qui nous permettra enfin de voir Nostradamus sortir ses canines pour mordre dans une belle gorge. Frustré par Dolan qui refuse toujours de faire la promotion du grand prophète, il lui affirme que la prochaine personne qui entre dans son bureau sera la victime suivante. On a bien peur pour sa fille, mais c’est un ami scientifique qui entre le premier et, prévenu de la malédiction fatale, il disparait. Non seulement Dolan ne peut le retrouver, mais Nostradamus non plus, malgré ses pouvoirs qui d’habitude lui permettent de retracer ses victimes facilement. C’est qu’il est caché dans un monastère et cet endroit sacré semble à l’abri des pouvoirs du vampire, mais Leo, le serviteur bossu du mécréant, le retrouve, ce qui lui sera fatal. Maintenant seul et sans défenses contre l’appareil du professeur qui fonctionne réellement, Nostradamus va avoir recours au plus viel instrument qui soit contre ses ennemis, le mensonge et la calomnie. Avec l’aide de ses pouvoirs hypnotiques et en répandant des rumeurs voulant que Dolan pratique des expériences dangereuses, il monte toute la ville contre ses adversaires, dans un final digne des classiques de la Universal.
Il ya de belles scènes inédites dans ce qui est la fin de la saga Nostradamus. Comme celle ou il se met à jouer du violon et ou apparaît des ombres de danseurs sur les murs de son antre. Leo se joint à eux, dansant avec son rat. Un Leo qui, comme Renfield, attends avec impatience le moment ou son maître lui donnera des pouvoirs, spécialement celui de voler. Simple d’esprit qui continue de servir celui qui a tué sa mère, Dolan ne lui en veut pas car il est essentiellement manipulé, une attitude compréhensive de la part du professeur qui est loin de faire partie des considérations habituelles du genre. Moments de tension bien évoqués également lorsque le chef de police attend le vampire, en vain, là aussi, une scène qui abouti de manière surprenante. Il faut dire que le cinéma de genre mexicain a l'habitude de mélanger les caractéristiques habituelles des monstres qu’il met à l’écran. Que l’on pense à des loups garous qui ont parfois les habiletés d’un vampire. Ici Nostradamus est à la fois un vampire, mais aux faiblesses différentes: le parchemin qui le protège; les cendres de son ancêtre dans son cercueil au lieu de la terre de son pays, en plus des dons de voyance, limités certes, il ne voit pas venir sa fin, mais ce qui le trahit c’est sa parenté avec l’animal, la chauve sourie, une idée rarement exploitée de concert avec l’homme élégant qui séduit les femmes. On ajoute les qualités du diable avec cette capacité de se servir du mensonge comme arme presque fatale, pas besoin en effet d’éliminer ses adversaires de ses propres mains quand on peut convaincre toute une population de le faire à notre place. La séquence finale avec ces dizaines de personnes furieuses, flambeau à la main, qui vont forcer l'entrée de la demeure de Dolan et détruire l’engin qui assurait la fin du monstre est remarquable
On est surprit de voir ce laboratoire grossir avec le temps jusqu’à ressembler aux délires de la Universal. Ce brouilleur d’ondes, Deux ex machina par excellence, est suffisamment impressionnant pour reléguer aux oubliettes les petits labos des films de lutteurs sans budget. On pouvait déplorer des rôles féminins faibles, la fille du professeur n'est pas très remarquable, mais la mère de Leo, sorcière qui n’a pas fait le poids devant le vampire, ou la chanteuse de cabaret à la poitrine généreuse, viennent corriger le tir au cours du serial.
Le doublage anglais n’est pas toujours heureux, la voix du bossu est parfois difficile à comprendre tellement on a voulu le rendre bête et sans intelligence, mais l’ensemble est correct.
Nostradamus devient donc une belle découverte à faire, dans cette foulée de films explorant le cinéma fantastique à la suite des ressorties au cinéma et à la télévision des classiques de la Universal durant les années cinquante, avec une saveur propre au Mexique, ce mélange des genres, des créatures et de la nouveauté qui étonne dans un noir et blanc classique encore efficace.