Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: ANGEL MINE - David Blyth, 1978, Nouvelle-Zélande Mar 11 Déc - 18:26 | |
| Etrange, étonnant, inhabituel, ANGEL MINE est un OVNI dans le paysage cinématographique néo-zélandais. Cette oeuvre surréaliste puisant aussi bien dans l'univers de Luis Buñuel que dans celui de Fassbinder, fait également penser à ces quelques films inclassables, naviguant entre l'expérimentation et la narration comme LIQUID SKY. ANGEL MINE présente une suite de scènes mettant en avant un couple de classe moyenne confronté à son double "décadent", son doppleganger au look de punks adeptes de bondage. Si d'un côté le couple standard vit son quotidien de manière répétitive puisque rentré dans une certaine routine poussée par des slogans publicitaires débilitants, son équivalent fantasmé étale sans complexe une sexualité débordante n'hésitant pas à faire usage d'accessoires fétichistes. Le film se veut une critique sociale, particulièrement orientée vers la classe moyenne locale, comme en témoigne cette image intriguante de la Mort poussant une tondeuse à gazon dans le jardin d'une propriété de banlieue identique à des centaines d’autres. Blyth, futur réalisateur de DEATH WARMED UP, critique l'uniformisation, la standardisation, et illustre les méfaits de ces maux au sein de la vie de couple. Visuellement, ANGEL MINE surprend de bout en bout. La scène d'ouverture montre l'homme sortir de l'océan avant de s’approcher de la femme nue, assise sur une cuvette de toilette posée à même la plage. Puis il la rhabille alors qu'une voix off vente les mérites du produit Angel Mine censé apporter équilibre et symbiose dans le couple. Dès les premières minutes, le ton est donné : nous sommes dans un rêve imprimé sur celluloïd et ce rêve ne cessera jamais d'intriguer le spectateur. L'ensemble manque (logiquement ?) d'une structure solide pour bien appuyer ses propos, mais ceux-ci, même s'ils ne sont pas évidents au premier abord, sont tout au moins perceptibles et compréhensibles. Le film eut à en découdre avec la censure, ce qui n'est pas tant surprenant étant donné les plans de nudité frontale masculine et féminine (toujours délicat dans les pays anglo-saxons) et surtout qu'une scène de sexe explicite. Mais peut-être est-ce plutôt son propos controversé envers la société de consommation en générale et celle néo-zélandaise en particulier qui posa problème. Définitivement intrigant. | |
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