THE THING WITH TWO HEADS – Lee Frost, avec Ray Milland, Rosey Grier, Don Marshall et Roger Perry, 1972, États-Unis, 93 m.
Un vieux schnock raciste est diagnostiqué mourrant; vu qu’il est lui-même médecin, il décide donc d’expérimenter pour sauver sa vie et transplante des têtes par-ci, par-là. Bon, OK. Il possède justement un gorille à deux têtes dans sa cave. Alors qu’il en est à ses derniers jours, il finit par obtenir la permission d’avoir comme sujet le corps d’un criminel qui fait face à la chaise électrique (et qui se proclame innocent, évidemment). Ce dernier préfère affronter la Science plutôt que de frire sous hauts voltages. Le problème, c’est qu’il est Noir! Notre bonhomme blanc se fait transférer la caboche (sans qu’il sache les origines ethniques de son nouveau corps) sur ce gros mec style joueur de football. Gros conflit d’idéologie à venir, il va sans dire…
Donc… vous avez tout ici pour plaire aux plus difficiles d’entre vous. Des chansons sur la trame sonore carrément absurdes, des effets spéciaux en caoutchouc de base qualité, une longue et invraisemblable scène de poursuite, une mise en scène qui fait penser aux pires épisodes de la série BATMAN des années 60 et, bien entendu, la vue de ce monstre bien incongru, un homme à deux têtes, ce qui le rend ici biracial! Quand le gorille à deux têtes s’échappe, il court pendant de longues minutes en pleine rue, sans qu’il n’y ait aucun piéton nulle part, jusqu’à ce qu’il pénètre dans un marché pour déguster quelques bonnes bananes (chaque bouche mâche avec joie)! Cet unique primate est la création d’un jeune Rick Baker (qui a probablement le double masque sur la tête à l’écran).
Le clou du spectacle est cette séquence de poursuite (déjà citée dans la critique de Kérozene sur le même sujet) alors que la police est aux trousses de notre créature bicéphale, qui s’empare d’une motocyclette, sème la pagaille pendant une relais cross-country de motos (il(s) gagne(nt) même la course!) et réussit à s’échapper d’environ 25 automobiles de patrouille qui lui (leur?) courent après, en pleine campagne. L’une après l’autre, toutes ces voitures prennent le champ, explosent, tombent dans des ravins qui apparaissent comme par magie et nous démontre à quel point ces policiers sont une bande de lourdauds incapables! Une séquence digne des meilleures anthologies, garanti. Et si j’ai bien compris, cette action se déroule le lendemain de l’opération! Il faut conclure que se faire greffer une deuxième tête améliore également les effets de récupération. Peu à peu, la tête du blanc prend charge du corps du noir, au point que le raciste fout un coup de poing sur la gueule de l’autre et l’assomme! Il faut vraiment le voir pour le croire.
Rosey Grier est un ancien joueur des N.Y. Giants qui a joué dans quelques films. Le voir courir à bout de souffle dans la plaine est pissant d’hilarité, avec la fausse tête en plastique qui branle à côté de la sienne véritable. Il a probablement été choisi parce qu’il est corpulent et que les producteurs croyaient que cela paraîtrait moins quand on lui collerait un frêle acteur de 65 ans derrière le dos. Ray Milland a bénéficié d’une carrière bien remplie au cinéma, gagnant même un Oscar en tant que Meilleur Acteur pour le film THE LOST WEEKEND de 1945, chef-d’œuvre sur l’alcoolisme avec une scène sortant d’un film d’horreur où notre héros, en pleine crise de délire intoxiqué, voit une chauve-souris sortir du mur! Qu’est-ce qu’un tel comédien pensait en signant le contrat pour ce film-ci, je vous le demande. $$$$!
La question qui se pose est la suivante: est-ce que tout cela se voulait une parodie sur les relations raciales aux États-Unis, déguisée de maladroite façon? Ou encore une satire sur les films de monstres? Qui sait? Le réalisateur Lee Frost a tâté de la série B pendant toute sa carrière, alors pourquoi se serait-il donné une mission plus subtile ici? Le film aurait facilement pu s’intituler THE THING WITH TWO HEADS AND FOUR KNEES, alors que pendant la désormais poursuite, on peut clairement voir les jambes de Milland derrière Grier sur la motocyclette! Une transplantation de genoux, tiens voilà une idée…
NOTE : Je suis en train de réviser certains textes ayant parus dans une autre existence sur AstroneF. Vu que je sens que Vidéotron va bientôt me flusher pour raison de non-entretien, c’est-y grave si je viens en déposer quelques-uns ici, Mario? J’agis pour le bonheur de tous, évidemment…