LES MAUVAIS JOUEURS aka GAMBLERS
Frédéric Balekdjian, France, 2005, 1h25.
Avec Pascal Elbé, Simon Abkarian, Isaac Sharry, Linh Dan Pham, Teng Fei Xiang.
"Paris, le quartier du Sentier. Noël approche et la vie de Vahé Krikorian part à vau-l'eau. La boutique de son père, avec qui il travaille, va bientôt fermer. Trop de dettes et d'impayés. Lu Ann, la femme qu'il aime, le quitte et il sent bien que les arnaques au bonneteau qu'il pratique avec Sahak et son frère Toros ne vont pas le mener loin. Yuen, le frère de Lu Ann, arrivé clandestinement en France, refuse de travailler pour le réseau qui l'a fait passer, sans se rendre compte du danger qui le guette. Se prenant d'affection pour lui, Vahé décide de l'aider. Peu à peu un lien d'amitié se tisse entre eux, qui met à l'épreuve la loyauté de Vahé envers ses vieux amis et l'amène à agir contre sa bande..." (allocine.fr)
Présenté par certains comme un MEAN STREETS des années 2000, ce polar français sorti en catimini parvient contre toute attente à ne pas se trouver écrasé par cette flatteuse comparaison. Si les péripéties sont prévisibles, le jeune réalisateur a eu la bonne idée de centrer tout son film autour du personnage de Vahé (l'excellent Pascal Elbé), de ses émois et de sa remise en cause. Le film évite donc ainsi de partir dans tous les sens et de se perdre en sous-intrigues. LES MAUVAIS JOUEURS s'articule entièrement autour de cette contradiction, entre les liens amicaux quasi-mafieux qui unissent ces jeunes magouilleurs d'origine arménienne et la nécessaire quête de repères moraux chez Vahé, le plus sensible des trois.
Si Elbé fait superbement corps avec son personnage, n'en oublions pas le reste du casting : Simon Abkarian (vu dans CASINO ROYALE) incarne la dureté avec un aplomb impressionnant, Isaac Sharry fait un pleutre convaincant, mais aucun des deux ne sombre dans la caricature. A bien des moments, on se croirait au contraire devant un documentaire. Les conditions de travail inhumaines des ouvriers du textile et le quadrillage du territoire par les "passeurs" chinois sont ainsi montrés sans détour. Alors, bien sûr, tout n'est pas parfait : l'histoire d'amour de Vahé intéresse moins que sa relation avec le jeune clandestin chinois et le faible nombre de décors utilisés donne parfois une légère impression de redondance. Impression heureusement vite chassée par une dernière scène de poursuite, haletante, dans les couloirs du métro parisien. Un très beau film ! Stelvio
Affiche : http://www.cbo-boxoffice.com/full/p8183.jpg