THE SUBSTANCE - Coralie Fargeat avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Gore Abrams, Edward Hamilton, États-Unis, France et Angleterre, 2024, 141m.
Tout le monde parle de ce film, ces jours-ci, et pour les bonnes raisons. Je me méfie toujours un peu de la "hype" quand on parle d'un film d'horreur (voir la flatulence mouillée de "Longlegs"), mais je dois avouer que cette fois-ci, la réputation qui précède l'oeuvre est méritée.
Demi Moore incarne Elisabeth Sparkle, une actrice hollywoodienne oubliée qui anime une émission d'aérobie. Quelques jours après avoir été remerciée, elle a un accident de voiture et un des médecins qui la traite lui suggère un traitement: The Substance. Est-ce que cette injection miracle pourrait donner un nouveau souffle à sa carrière?
Il y a beaucoup à dire à propos de ce film coup-de-poing qui ne donne pas dans la dentelle, et qui critique violemment les standards de beauté et de jeunesse hollywoodiens. Allégorie des dérives de la chirurgie esthétique, métaphore sur les troubles alimentaires, gros délire de "body horror" à la Cronenberg, provocation gore, thriller à l'esthétique extrêmement léchée? Il y a de tout ça. Et plus encore.
La direction photo de Benjamin Kracun est tout simplement hallucinante. La musique de Raffertie va un peu jouer dans les plates-bandes d'Atticus Ross & Trent Reznor avec leur trame sonore pour Challengers, mais ça fonctionne. La réalisation de Fargeat est un fantasme brutal, jouant avec les points de vue, déformant la perspective avec des lentilles de caméra, multipliant les gros plans déroutants.
On peut voir le film entier comme un hommage à Dorian Gray, avec des clins d'oeil à The Shining, Carrie, au Brain Dead de Peter Jackson, et à From Beyond de Stuart Gordon. La vanité est une béquille très précaire sur laquelle faire reposer sa personnalité, car la jeunesse ne dure pas.
Il y a des moments plutôt insoutenables, mais l'esthétisme des prises de vue et le grotesque absolu de la situation en désamorce l'impact chez le spectateur. Dennis Quaid est répugnant, Margaret Qualley est excellente, mais c'est la performance impudique et très courageuse de Demi Moore qu'on retiendra. Longtemps.