Alors que la deuxième guerre mondiale tire à sa fin, un pilote d'avion kamikaze qui a évité son sort final, rongé par la honte, participe aux efforts pour détruire une menace hors du commun, Godzilla.
Après un formidable Shin Godzilla qui réinventait le monstre légendaire, Takashi Yamazaki offre une réinvention des origines de la créature géante en fin de guerre. Un scénario autour de personnages en moins grand nombre que d'habitude, avec l'utilisation des ressources de l'époque. Je pense au déminage au large du Japon et cet avion légendaire, qui a vraiment existé. Il avait trop de défauts pour servir en fin de guerre. Il demandait donc qu'un mécanicien travaille pour le rendre fonctionnel, d'ou l'implication dès le début, catastrophique, de ces experts en aviation. Cela fait partie des touches magiques, comme l'emploi au bon moment des thèmes musicaux d'Akira Ifikube, une touche jouissive. On pourra lui reprocher ses moments mélodramatiques, pourtant de mise en temps d'après guerre. Tout comme une fin presque magique pour certains personnages, y comprit pour l'inévitable plan final, rappelant la fin du classique Reptilicus. Mais les moments de destruction totale, nombreux, nous offrent une vision des plus spectaculaire, dramatiques, à couper le souffle.
On est tellement loin du Godzilla américain, qui aide à protéger la population des vilains monstres pour sauver l'humanité en 2014 ou la version ou on finit les meilleurs amis du monde dans Godzilla vs Kong en 2021. Non, ici c'est la terreur cataclysmique réveillée par les bombes américaines dont il est question. Une furie incontrôlée, un tsunami ambulant, une catastrophe de plus après la destruction de Hiroshima et Nagazaki. Un climat de guerre froide qui ne permet pas de demander l'aide du gouvernement, coincé dans ses obligations de retenue militaire, qui poussera le peuple à prendre son destin en main. La scène n'est pas sans rappeler les interminables discussions des parlementaires dans Shin Godzilla.
J'avoue avec un plaisir non coupable que ma fascination pour Godzilla a débuté dans mon enfance et a été nourrie par les 32 films précédents. Je suis donc un public en partie gagné d'avance, mais pas toujours autant conquis que dans Shin Godzilla ou Godzilla Minus Zero. Chapeau à la Toho et aux réalisateurs et artisans qui continuent une des franchises les plus vieilles et aimées d'une légion de fans. Mario Giguère