Ah les jolies colonies de vacances : ballades en forêt, randonnées en pleine nature, barbecues au clair de lune, que du bonheur ! Surtout quand on fait ça en famille. Seulement voila, les sept familles ici présentes ont une chose en commun : ils battent leurs enfants. Exténués de devoir endurer la présence de leur progéniture, ils décident de la rentabiliser en s’inscrivant à un camp de vacances organisés par de richissimes vieux mafieux qui prolongent leur existences en se faisant implanter des organes vitaux frais et en bonne santé. Seuls les enfants physiquement bien portant seront considérés par les acheteurs, ce qui vaut aux parents appâtés par les grosses sommes d’argent qui les attendent de soudainement porter une attention inhabituellement protectrice à leur descendance. Pire encore : le pactole final étant définitivement fixé, si un ou plusieurs enfants venaient à ne pas être sélectionnés par les acheteurs, leurs prix seront répartis et ajoutés aux prix des autres, augmentant ainsi la valeur marchande des bambins. Ce qui entraîne inévitablement des tensions au sein du campement….
Cette satire sociale à l’humour vitriolé ne laisse décidément pas indifférent. Quoi de plus horrible que des enfants reniés, battus puis vendus comme de la vulgaire marchandise ? Le film débute par un constat rapide en citant quelques statistiques effrayantes sur le nombre d’enfants battus dans l’archipel japonais. Ce véritable problème social (qui n’est évidemment pas exclusivement japonais) qui mérite d’être plus virulemment pointé du doigt et c’est ce que fait THE INNOCENT SEVEN au travers de cette histoire sordide et cynique. Sobrement mis en scène par l’acteur Dankan (de son vrai nom Minoru Iizuka, vu dans des films de Kitano ou Miike) dont c’est ici la première réalisation (il a également écrit le scénario et joue dans le film), THE INNOCENT SEVEN fonctionne bien et évite habilement de sombrer dans le scabreux lors des scènes de flashbacks dressant le portrait peu reluisant des sept familles présentes au campement. L’influence de Takeshi Kitano se fait d’ailleurs sentir tout au long du film (le film est produit par la boîte du maître, Office Kitano) et on retrouve ce rythme lancinant, cet humour décalé et ces purs moments d’absurdité inattendue. THE INNOCENT SEVEN n’est peut-être pas parfait, notamment à cause de quelques baisses de régime ici et là et à son final quelque peu prévisible, mais il mérite tout de même le coup d’œil car c’est incontestablement bien fait mais aussi parce que ça parle d’un sujet tabou extrêmement grave et malheureusement trop répandu.
Site officiel : http://www.office-kitano.co.jp/7tomurai/