Mathieu Lemée
Nombre de messages : 675 Localisation : Montréal Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: LÉGITIME VIOLENCE - 1982 - Serge Leroy Jeu 21 Aoû - 13:52 | |
| LÉGITIME VIOLENCE - 1982 - France - 95 minutes. Réal.: Serge Leroy Int.: Claude Brasseur, Véronique Genest, Thierry Lhermitte, Roger Planchon, Michel Aumont, Pierre Michaël, Christophe Lambert, Francis Lemarque, Christian Bouillet, Mireille Delcroix, Valérie Kaprisky, François Clavier, Francis Frappat, Arlette Gilbert, Plastic Bertrand. À la gare de Deauville, deux hommes armés commettent un hold-up et tirent dans la foule. Ils tuent un certain Andréani, responsable d'un mouvement d'action civique, de même que la mère, la femme et la fille de Martin Modot, un employé des Transports. De retour à Paris, ce dernier est contacté par Miller, le président du CAPMAC, une puissante association d'auto-défense qui lui propose de l’aider à retrouver et à châtier les assassins de ses proches. Comme l'enquête policière piétine, Martin finit par accepter la proposition de Miller. Il fait établir un portrait-robot d’une jeune femme, Lucie Kasler, qui était présente à la gare lors de la fusillade. Il l’a retrouve, mais elle refuse de lui dire ce qu’elle sait pour protéger son frère Eddy qu’elle sait impliqué dans l’affaire. Lorsque les deux tueurs de la gare s’en prennent à Martin, elle intervient néanmoins en sa faveur pour lui sauver la vie. Par la suite, Lucie apprend que le hold-up n'a été qu'un prétexte pour camoufler l’assassinat politique d’Andréani, qui avait des révélations importantes à faire sur les dessous de l’existence d’une police parallèle. Consciente d'avoir servi d'appât et que son frère Eddy est en danger de mort, Lucie accepte finalement d'aider Martin. Ensemble, ils cherchent à convaincre Eddy de se rendre pour dénoncer celui qui a orchestré la tuerie: le commissaire Brousse. Ce dernier manipule cependant le CAPMAC afin de s’assurer qu’Eddy ne parle pas à la presse sous le fallacieux prétexte que justice soit faite. Établi comme un réalisateur fort doué dans le thriller policier, Serge Leroy a voulu faire montre de plus d’ambition en greffant au genre des éléments de critique sociopolitique inspirés par l’actualité, qui ont été largement abordés par d’autres réalisateurs comme Yves Boisset, Damiano Damiani, Costa-Gavras ou Francesco Rosi. Le thème de l’auto-justice n’est pas non plus des plus neufs, mais la manière de l’aborder est intéressante au départ grâce à une approche directe et naturaliste qui renvoie dos-à-dos aussi bien une police corrompue employant des méthodes sournoises pour couvrir leurs malversations que les actions néfastes d’organisations dites d’autodéfense qui se laissent manipuler pour servir les intérêts du pouvoir. La suite se gâte cependant, alors que les auteurs ne sont pas parvenus à emboîter tous leurs ingrédients ensemble de façon moins arbitraire pour que la recette prenne. Tant et si bien que leur message dénonçant la progression insidieuse de l’extrême-droite apparaît dispersé et manque de conviction. Il est également étrange qu’au sein d’une intrigue se voulant engagée et complexe, les personnages soient tracés à gros traits ou sombrent parfois dans la caricature, ce qui rend leurs actions bien moins crédibles. La réalisation apparaît plutôt statique, mais elle se réveille heureusement lors des scènes d’action, qui exploitent avec flair des décors naturels qui nous tiennent en haleine, comme en témoigne une superbe séquence de poursuite dans le métro de Paris admirablement orchestrée. Il est donc clair que le style direct de Leroy convient mieux au thriller pur ou stylisé que dans le film militant, même si LÉGITIME VIOLENCE constitue un effort louable du réalisateur d’exprimer sa personnalité dans une optique plus large. Claude Brasseur personnifie un héros vengeur trop hésitant et mal développé alors que Thierry Lhermitte semble à côté de la plaque en voyou romantique. En revanche, Véronique Genest est très bonne dans le rôle de Lucie, de même que Michel Aumont dans la peau d’un flic pourri, personnage familier pour lui. Notons la présence de Christophe Lambert en tueur sociopathe portant des bottes de polo et de la très jeune Valérie Kaprisky, jouant déjà ici de ses atours provocants qui marquèrent par la suite sa carrière cinématographique. | |
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