Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: COLORADO - Sergio Sollima, 1966 Italie/Espagne Jeu 1 Mar - 10:36 | |
| aka: THE BIG GUNDOWN; LA RESA DEI CONTI Lee Van Cleef est Jonathan Corbett, un type droit comme un i et meilleur chasseur de prime de tout le Texas, à tel point qu'il a quasiment nettoyé l'état de toute sa racaille. Corbett caresse désormais une carrière politique, ce dont souhaite profiter un riche homme d'affaire prêt à financer sa campagne, et alors que nos deux futurs associés discutent le bout de gras lors du mariage de la fille de notre gros bonnet, deux frangins rouquins annoncent le viol et le meurtre d'une fillette de douze ans par un sale gueux de mexicain appelé Cuchillo. Ni une ni deux, Corbett enfile son stetson et se met en chasse du vilain violeur pédophile. Premier western de Sergio Sollima, et premier coup d'éclat dans un genre si codifié où le réalisateur s'amuse à jouer avec les à priori, les apparences, les clichés, les faux-semblants (à croire aussi que le distributeur français a joué le jeu puisque seules les cinq premières minutes du film se déroulent au Colorado), et parvient à faire surgir le doute allant même jusqu'à faire vaciller ce bon vieux Jonathan Corbett, un type si admirable, si impeccable, si irréprochable, et si ancré dans ses convictions que le fait de le voir douter de lui-même au point de verser du côté obscur a quelque chose de palpitant. Lee Van Cleef est absolument impérial, parvenant superbement à retranscrire la dualité qui anime son personnage qui ne semble plus vraiment comprendre ce qui lui arrive. Face à lui se tient Cuchillo (Tomas Milian), un voleur pouilleux, vulgaire, dont l'épouse travaille au bordel, mais qui cache en réalité un cœur gros comme ça et dont les petits travers ne sont rien en comparaison de ce que l'Ouest Américain recèle comme crapules, qu'il s'agisse d'une propriétaire de ranch veuve et nymphomane, de la bourgeoisie texane ou des feignasses à la tête des autorités mexicaines - représentées ici par l'incontournable Fernando Sancho. Via un récit ponctué d’instants parfois cruels, une mise en scène aux petits oignons, et sur une partition prenante de Morricone, Sollima livre un superbe film qui tire à boulets rouges sur ces à priori qui régissent notre quotidien tout en évitant le piège de se la jouer moralisateur, livrant ainsi un discours humaniste trop souvent absent de ce type de production et que le réalisateur développera de manière tout aussi brillante, si ce n'est plus, dans "Le Dernier face à face" en 1967 -toujours avec Tomas Milian - puis dans "Saludos, hombre" ("Run Man Run" ) l'année suivante, deuxième et dernière aventure de ce chevelu charmeur de Cuchillo. | |
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