MARTIN - Etats-Unis - 1978 - De George A. Romero avec John Amplas, Lincoln Maazel, Christine Forrest, Elyane Nadeau et Tom Savini.
Tout le monde connait Romero, je pense. Tout le monde connait sa mythique subversive et visionnaire trilogie des morts-vivants. Mais il est moins connu qu'avant de connaitre le succès avec ce qui est son chef d'oeuvre
ZOMBIE, Romero s'est attaqué au film de vampires... Plus ou moins. Car ce que
MARTIN à d'unique, c'est qu'il s'agit d'un vampire sans en être un. Sans en dire trop, ce qu'il faut savoir c'est que pendant tout son film, Romero laisse planer le doute sur son personnage principal et installe petit à petit une ambiance unique faisant de
MARTIN une oeuvre singulièrement étrange, un film bien évidemment réussie techniquement puisque Romero fait preuve de talents de mise en scène honorables et installe un suspense avec brio, mais c'est surtout le côté méchamment subversif de cette oeuvre que l'on retiendra, Romero s'attaquant directement aux croyances moyen-ageuses desquelles la religion est constituée, et dresse un portrait de notre société loin d'être prestigieux, au contraire
MARTIN est une chronique sociale extrêmement pessimiste, dans l'oeuvre de Romero, c'est la société qui est responsable de la marginalisation de personnes telles que le personnage principal, attachant au passage, cette même société incarnée par un oncle (ou un cousin je ne sais plus) fanatique et tyrannique qui pour servir Dieu commet l'inévitable... Romero le dit clairement : Dieu est un danger, la religion en elle-même est un danger, en plus de ce constat (qui ne plaira pas à tout le monde,
MARTIN n'étant pas un film pour les catholiques.), Romero rend encore plus subversive son oeuvre en jouant habilement et avec subtilité avec les codes du genre qu'il exploite, genre d'ailleurs qu'il exploite uniquement dans le but de cracher sa haine...
MARTIN n'est en ce sens pas un film de vampires à proprement parler mais davantage une chronique sociale ou le vampire sert de figure iconique primordiale pour avancer le propos... Un chef d'oeuvre.