Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: ARIZONA COLT - Michele Lupo, 1967, Italie/France Lun 5 Mai - 3:40 | |
| aka: MAN FROM NOWHERE; IL PISTOLERO DI ARIZONA L’affreux bandit Gordon Watch (l’inévitable Fernando Sancho, comme toujours excellent) et son gang des Scorpions, dont chaque membre s’est fait marquer l’avant-bras d’un S au fer rouge, attaquent une prison afin de récupérer les détenus et faire ainsi grossir leurs rangs. Malheur aux désormais ex-taulards refusant l’invitation de Gordon Watch car ils sont exécutés sur le champ. Sauf un certain Arizona Colt (Giuliano Gemma), cow-boy dandy et charmeur qui pousse l’arrogance jusqu’à faire passer le gros Gordon pour un bouffon aux yeux de ses hommes avant de leur fausser compagnie. Gordon, furieux, jure vengeance… Les Scorpions préparent l’attaque de la banque de Blackstone Hill, le village où – comme par hasard – se dirige Arizona Colt lui-même. Ce dernier arrive en ville en même temps qu’un éclaireur de Gordon Watch qui séduira Dolores (Rosalba Neri, comme toujours belle à se damner), l’une des deux filles du patron du saloon, tandis qu’Arizona fait les yeux doux à sa sœur Jane (Corinne Marchand) au tempérament nettement plus prude. Mais Dolores découvre le fameux S des scorpions sur le bras de son amant d’un soir qui n’hésite pas une seconde à l’assassiner. Le lendemain, le corps de la belle est retrouvé inerte, provoquant le courroux des villageois, qui n’auront finalement pas le temps de trop se plaindre puisque survient l’attaque de la banque. Arizona Colt ne lève pas le petit doigt pour aider les habitants de Blackstone Hill, mais propose ensuite au père de Jane et de Dolores de retrouver l’assassin de sa fille en échange de 500 dollars et d’une nuit avec Jane… Arizona Colt, ou comment jouer avec les nerfs d’autrui… Étrange personnage que cet Arizona Colt: à l’opposé du cavalier taciturne habituel, notre homme s’avère sympathique au premier abord et infiniment séduisant, arborant un sourire frais et pimpant ainsi que des fringues classieux. Mais en même temps, il se montre amoral, égoïste et profiteur. Il n’hésite pas à se ridiculiser pour arriver à ses fins (il se cache en pyjama dans un arbre), commande un verre de lait au saloon au milieu des buveurs de whisky, exige de coucher avec la fille d’un homme qui vient d’en perdre une autre s’il souhaite se venger, n’est motivé que par l’argent, il ment, il triche aux cartes… Mais c’est un as de la gâchette. Il rappelle en fait le personnage de Ringo précédemment interprété par le même Giuliano Gemma dans UN PISTOLET POUR RINGO (Duccio Tessari, 1965), mais avec un côté sournois nettement plus développé. Le problème c’est qu’il nous est quasiment impossible de développer la moindre empathie pour ce cow-boy finalement agaçant. On en vient à préférer le personnage de Whiskey, l’un des hommes de Gordon Watch picolant du matin au soir, bricoleur de gourdes explosives et qui sera le sauveur providentiel d’un Arizona Colt que Gordon laisse aux bons soins des vautours après lui avoir tiré dans les deux jambes et les deux mains – blessures dont il se remettra d’ailleurs relativement vite… Michele Lupo met son film en boîte de façon plutôt impersonnelle, et, balancé sur une musique plus proche du western traditionnel américain, son film ne contient finalement que peu de moments de bravoure en dehors de son ouverture, l’attaque de la prison d’une violence surprenante, et du final, l’attaque meurtrière de Blackstone Hill par les Scorpions suivit du duel entre Arizona Colt et Gordon Watch se déroulant dans l’atelier du croque-mort. Final prenant place après une remise en question du personnage principal mais aussi de ce bon vieux Whiskey, alors que tous deux sont réfugiés dans une église désaffectée afin de pouvoir « réfléchir » - maître mot d’Arizona Colt depuis le début du film et qui trouve enfin en ce lieu sacré le temps de le faire. Finalement, ARIZONA COLT apparaît comme un film sur la thématique de la rédemption. | |
|