Retour étrange du Vernon après un grand silence :
[Pour le résumé du scénario, on se reportera à l'article de Mario Giguère qui figure sur le Club].
Ce Franco "récent" m'a laissé fort perplexe. D'une part, on retrouve dans cette série Z plusieurs qualités indéniables... D'autre part, il y a des passages à la limite (en fait, on franchit la limite !) de l'embarrassant.
Franco possède toujours l'art du cadrage, de l'image saisissante. Avec une longue expérience de comédienne, Lina Romay livre une interprétation satisfaisante, avec de jolies nuances, surtout lorsque Franco cadre son visage en gros plan, pour laisser passer une expression ambigüe, presque "ouverte". Le cinéaste avait déjà utilisé cette technique dans des oeuvres aussi légères que CÉLESTINE, dont l'un des derniers plans offre une scène dramatique brève et surprenante, dans le contexte d'une comédie boulevardière : à la veille de quitter la famille chez qui elle loge, Célestine (Romay) éprouve tout à coup une émotion qui la submerge... Scène étonnante, qui, comme souvent, laisse entrevoir toute la carrière parallèle que Franco n'aura jamais menée... à part dans une autre dimension à laquelle nous n'aurons jamais accès. "Un dilettante de génie qui dilapide des dons évidents" écrivait Jean-Marie Sabatier (que je cite de mémoire). Une raison de plus, sans doute, d'aimer Franco, pour le meilleur et pour le pire.
Pour l'heure, LUST FOR FRANKENSTEIN est à coup sûr un OVNI déconcertant, oeuvre baroque, "croche", sorte de petit canard boîteux qu'on aimera (ou non) pour ses qualités et ses défauts. Franco y est parfois lourd, avec des répliques à la limite de l'admissible. Les qualités, c'est certain, résident dans l'image, dans le cadrage. Pour le scénario, on repassera, même si le style "BD Elvifrance" peut parfois faire sourire. Il réussit aussi (gageure !) l'exploit d'utiliser Amber Newman (ce pantin inexpressif et silicôné) de façon intéressante.