La TERZA MADRE - Dario Argento, 2007 *SPOILERS*

La TERZA MADRE aka Mother of Tears: The Third Mother- Dario Argento avec Asia Argento, Cristian Solimeno, Moran Atias, 2007, Italie/États Unis, 98m

Sarah Mandy (Asia Argento) a le malheur d'ouvrir avec sa colaboratrice une urne datant du 13ème siècle. Partie chercher un dictionnaire ancien, elle revient pour voir trois êtres difformes dévorer sa consoeur. L'urne était destinée à son conjoint, Michael, directeur du musée où ils travaillent. Michael est soucieux et va se renseigner chez le prëtre qui a déterré l'urne, découverte sous un cercueil. Mais les ennuis s'accumulent, les morts aussi, le fils de Michael est kidnappé et une folie meurtrière s'empare de Rome alors que Sarah court à la recherche d'une explication qui remonte à il y a des siècles, découvrant les pouvoirs que sa mère lui a légués.

Sur un rythme au tempo hypnotisant, on assiste à un nouveau cauchemar particulièrement féroce et mortel, furieusement gore, retrouvant les actes pénibles dans leur conception, la coupure des tendons du pied, les yeux percés, les corps enflammées, l'empalement complet, Argento a retrouvé avec ses deux épisodes de la série MASTERS OF HORROR un appétit pour le sang qui foudroie constamment. Débutant avec une atmosphère proche du prologue de L'EXORCISTE, le scénario s'articule autour de la découverte par Sarah du monde de la sorcellerie, qui lui est en apparence étranger. C'est sans compter les initiations rapides des gens qu'elle va croiser, et croiser Sarah est pratiquement un gage de mort horrible, qui vont l'ouvrir au monde invisible, la magie noire et blanche, en débutant par un concept vieux comme les manuscrits de sorcier, la possibilité de se rendre invisible.

Connaître un tant soit peu le monde de l'ésotérisme aide énormément à appréhander le film. C'est par le billet de l'EXORCISTE de William Friebkin que je me suis intéressé, il y a des années, à l'histoire de la sorcellerie et de la démonologie à travers les siècles. Cette simpe scène où Sarah devient invisible aux sorcières et aux policiers qui la poursuivent fera sourciller plus d'un spectateur, mais elle relève de la mythologie entourant la sorcellerie à travers les âges. Le seul aspect qui peut à priori déranger dans ce voyage initiatique est l'apparition de l'esprit de sa mère (Daria Nicolodi) aux apparences d'un ange, vision trop judéo chrétienne qui jure dans le délire morbide constant (on se demande si le mince budget, au vu de l'ampleur du tournage, y est pour quelquechose).

La photographie se promène des scènes aux éclairages baroques rappelant SUSPIRIA pour devenir très sombre dès que l'on pénètre dans la maison de la Mère des Larmes, une autre maison délirante, en ruines cette fois-ci. La descente dans les sous-sols de la demeure maudite n'en sera que plus effrayante et rappellera autant SUPIRIA que la finale de PHENOMENA. PHENOMENA aussi pour le singe, animal familier des sorcières qui prend ici des allures de démon. On est loin des démons de DEMONI, ici ce sont des hommes et des femmes en chair qui tuent et arrachent leurs prochains. Car Rome est devenue le nexus où les sorcières du monde accourent comme des mouches vers le miel, et la sorcière japonaise, clin d'oeil au cinéma nippon ou Argento est apprécié ?, est particulièrement sadique. Remarquez que ceux qui vont aider Sarah sont aussi brutaux, comme ce viel homme qui va la paralyser pour vérifier ses intention avant de lui dévoiler ses connaissances.

Fulgurantre descente aux enfers, donc, sans répit véritable. On note cependant avec plaisir que les couples, Sarah et Michael, Les deux lesbiennes, vivent leur sexualité, loin des répressions longtemps notées depuis OPERA. Car la nudité est partie prenante dans ce film très latin, quii débute d'ailleurs en annonçant ses couleurs, sur un générique sur fond de peintures représentant les enfers.

On pourra toujours reprocher la fin abrupte, mais là aussi, c'est en parfait accord avec les fins rapides de SUSPIRIA et INFERNO. Le voyage infernal est plus intéressant que la destination. Ceci dit, la mort de la Terza Madre est particulièrement sauvage. Férocement sauvage comme tout le film. La musique de Simonetti appuie bien le film, se promenant des quelques influences de Bernard Hermann pour quelques poursuites, aux délires proches du travail de Jerry Goldsmith pour LA MALEDICTION. On peut toujours rêver à ce qu'aurait pu apporter les anciens collaborateurs du groupe GOBLIN, mais Simonetti a su monter d'une coche.

Je ne sait pas ce qui s'en vient pour Dario Argento. Il parle de retraîte depuis quelques années. Si ce film était son testament cinématographique, ce serait à mon avis une belle carte de départ. Mais on lui souhaite de nous offrir encore et encore des cauchemars sur pellicule aussi perversivement délicieux.

Mario aka blanc citron a écrit:

Je ne sait pas ce qui s'en vient pour Dario Argento. Il parle de retraîte depuis quelques années. Si ce film était son testament cinématographique, ce serait à mon avis une belle carte de départ. Mais on lui souhaite de nous offrir encore et encore des cauchemars sur pellicule aussi perversivement délicieux.

J'ai aussi vu et apprécié le film.

Ceci etant dit, Argento est loin d'une retraite puisqu'il tournera "Giallo" dès fevrier.

Citation :

Italo horror-meister Dario Argento will shoot "Giallo," an English-language homage to the genre that made him a cult helmer, with Vincent Gallo, and Argento's daughter Asia Argento attached to star. Ray Liotta is also in advanced negotiations to join the "Giallo" cast.

Argento's latest thriller will revolve around serial slashings of some very attractive women being investigated by a solitary cop, which Liotta is likely to play, who engages in a cat-and-mouse game with the phsychopathic perpetrator, to be played by **********.

Los Angeles-based Arramis Films is co-producing with Argento’s own Rome-based Opera Film shingle. "Giallo" producer is Arramis topper Rafael Primorac while Opera's Claudio Argento is the pic's co-producer. International sales are being handled by Los Angeles-based Hannibal Pictures, headed by Richard Rionda Del Castro, which will kick off "Giallo" presales at the upcoming EFM mart in Berlin. The screenplay is by yank scribes Jim Agnew and Sean Keller.

Shooting on "Giallo" is set to start in February in Turin, the Northern Italian city where Argento shot his most recent slasher, "The Mother of Tears," also starring Asia Argento. The Turin Piedmont Film Commission is providing production incentives.

True to its title, which means "yellow" in Italian and is the Italo term for pulpy thrillers, "Giallo" will aim to serve up the slasher thrills of Argento's cult classics of the 70's such as "The Bird with the Crystal Plumage," "Suspiria," and "Deep Red," a stage musical version of which is currently starting its tour in Italy.

Excellente nouvelle quand à moi, oui monsieur !

On n'a pas du voir le même film


Mattei is alive!!!
Pour un film signé Argento, le résultat est plutôt embarrassant, voire gênant.... Où est passée la maestria du maître - envolée il y a déjà une petite quinzaine d'années, il est vrai... Donc c'est épouvantablement mis en scène mais surtout, on franchit plus d'une fois les frontières du ridicule avec un tel enthousiasme qu'on ne revient en arrière que pour mieux s'y replonger: les apparitions spectrales de Daria Nicolodi, le gangs de sorcières fans de Bonnie Tyler, l'alchimiste, Asia qui se concentre pour disparaître, Asia qui se fâche, Asia qui panique, Asia qui a peur, Asia qui court, Asia qui dort, Asia qui fait la gueule.... Car en plus de devenir plus moche de film en film, elle est ici complètement à côté de la plaque, pas crédible pour un cent, et on ne parle pas du reste du casting italien - affligeant - les flics et la troisième mère en tête de gondole. Même Udo Kier est ici complètement nul, un comble quand même pour un type avec un bagage comme le sien. Le constat est une évidence, la direction d'acteurs est catastrophique. Mais d'un autre côté, ces échecs font de La Terza Madre un vrai bon gros nanar du genre winner, assez solide pour finir dans le best of de nanarland d'ici une petite dizaine d'années, avec ses extraits vidéos craignos (le final complètement Wiiiiiiiizzzzzzzzzzzzzzzz, les scènes de "fin du monde" qui envahissent la capitale italienne et font de la peine en même temps avec ses trois figurants et ses fumigènes de carnaval) et ses dialogues totalement dénués de bon sens. Ajoutez à ça du gore craspec complètement gratuit, des plans nichons qui ne valent guère plus cher et même une scène de saphisme évidemment inutile - mais après tout, pourquoi s'en priver? voila, tout ça c'est donc très marrant, mais l'identité du réalisateur rend malheureusement le rire légèrement amer. On n'a plus qu'à attendre que la pilule soit pleinement digérée pour se faire des soirées 3è Mère + potes + bières et se faire péter les abdos!

Tu as vu le même film que tous les journalistes de Mad Movies qui l'ont consacré pire film de 2008. Ton texte fera contre-poids au mien. On aura comprit que je suis un inconditionel d'Argento.

Ceci dit, les gars de Mad ont pas l'air de voir beaucoup de films, parce que des pus mauvais, y en a des tonnes et si Terza Madre n'a quune qualité c'est de se détacher de la grisaille du film d'.horreur contemporain, consensuel et banal.

Mais j'ai pas de problème à être d'accord qu'on est pas d'acord...

Salut Kero et Mario, on peut dire que les avis sont partagés ! Qu'aviez-vous pensé des Argento récents (des années 2000 disons) ? Personnellement, j'avais trouvé VOUS AIMEZ HITCHCOCK très faible, mais LE SANG DES INNOCENTS (NON HO SONNO) tout à fait regardable, en particulier sa première demi-heure (la longue scène dans le train de nuit).

Stelvio

J'ai bien aimé ses réalisations des années 2000, plus particulièrement son premier épisode pour MASTERS OF HORROR - Jennifer. Oui, le SANG DES INNOCENTS pour le train et la magnifique musique des ex Goblin. J'ai bien aimé son hommage à Hitchcock, mais c'est évidemment un exercice de style moins original, mais bien réalisé.

Ceci dit il n'y a qu'un endroit ou j'ai lu une bonne critique, excellente, de la Terza Madre, dans le magazine METALUNA, que j'aime beaucoup.

Le Sang des Innocents est correct, et sa première demi heure est effectivement excellente. Mais le film est bourré de maladresses malheureusement. Je n'ai pas vu Aimez-vous Hitchcock mais j'ai trouvé The Card Player épouvantablement ridicule. Son must récent reste effectivement Jennifer, un petit chef d'oeuvre noir comme l'ébène, une véritable perle. Mais à côté de ça, ses récentes réalisations sont quand même super mal branlée, surtout quand on revoit des films comme Les Frissons de l'angoisse, Suspiria ou L'Oiseau au plumage de cristal, on se dit qu'il ferait mieux de se remettre à l'héroïne

En même temps, ils sont pas nombreux les réalisateurs fétiches des années 70-80, qui sont dans la soixantaine maintenant et qui font des films aussi forts "que dans le temps". Pour un John Carpenter qui a rendu les armes et un Romero qui ne fait plus l'unanimité, qui reste-t-il ? Un Wes Craven qui a vendu son âme ? Je trouve qu'Argento fait encore des films comme personne d'autre n'en fait, voir encore une fois ses MASTERS OF HORROR qui sont des points forts de ces séries qui n'ont pas remplit leur promesses.

C'est une question d'appréciation et il est évident que pour ce cas, nous n'avons pas la même. Romero ne fait plus l'unanimité, mais Argento non plus - voire encore moins, et même si les films de Romero ne sont plus aussi cinglants, ils restent tout de même dans une moyenne tout à fait honorable. Ce qui me gêne avec les récents films d'Argento, c'est que je les trouve franchement risibles, terriblement ridicules, des oeuvres de comique involontaire comme le sont Les Rats de Manhattan ou Virus Cannibal. Difficile de ne pas pouffer devant les apparritions de Daria Nicolodi ou cette scène où le flic vient renifler une Asia Argento invisible. Honnêtement, je n'en revenais pas, j'avais les yeux écarquillés grands comme des DVD et je ne savais pas si je devais me laisser aller à la consternation ou à la franche rigolade. Tout cela est nettement plus ambarassant que le désintérêt relatif que peut présenter un Diary of the Dead...

Je sait très bien en la voyant que la scène ou Asia devient "invisible" allait faire hurler le public, mais justement, ca fait partie de la "mythologie" de la sorcellerie et si après Suspiria et Inferno, on n'embarque pas là-dessus, il est évident qu'on appréciera jamais le reste et la scène marque bien le début, l'entrée du personnage d'Asia dans un monde qui lui est inconnu. Mais justement, qui d'autre qu'Argento oserait filmer une telle scène aujourd'hui ?

Et bon, j'apprécie toujours Romero, on se comprend là dessus, je dit que les "vieux" ne font plus les films qu'ils faisaient mais qu'ils demeurent plus intéressant à mes yeux que le dernier des clippeurs qui ne raconte finalement rien de neuf, mais de manière visuellement magnifique. Je dit ca et j'aime beaucoup Marcus Nispel...

... et je sait très bien que LA TERZA MADRE va demeurer longtemps un nanar pour une majorité de gens, ca ne me dérange pas plus que ca, mais j'aime bien argumenter un peu...

Hello

Mario aka blanc citron a écrit:

Ceci dit il n'y a qu'un endroit ou j'ai lu une bonne critique, excellente, de la Terza Madre, dans le magazine METALUNA, que j'aime beaucoup.

sur mon blog en fouinant un peu tu trouveras des critiques positives parues sur le film... :

http://darioargentofr.blogspot.com/

Mario aka blanc citron a écrit:

les journalistes de Mad Movies l'ont consacré pire film de 2008.

peut être parce qu'Argento ne les a pas invités au cocktail suivant la présentation de 20 minutes du film à Cannes 2007??

Mario aka blanc citron a écrit:

Je sait très bien en la voyant que la scène ou Asia devient "invisible" allait faire hurler le public, mais justement, ca fait partie de la "mythologie" de la sorcellerie et si après Suspiria et Inferno, on n'embarque pas là-dessus, il est évident qu'on appréciera jamais le reste et la scène marque bien le début, l'entrée du personnage d'Asia dans un monde qui lui est inconnu. Mais justement, qui d'autre qu'Argento oserait filmer une telle scène aujourd'hui ?

je suis d'accord avec toi,j'aime bien cette scène à mon sens non dénuée d'humour (volontaire )...c'est une variation ludique je pense sur le "théme" typique du cinéaste:
tu as la vérité sous les yeux mais tu ne la vois pas ("What you see doesn't exist,what you cannot see is the truth",comme il est dit dans le film)

Bienvenue au Club Woermann2, je vais aller voir ton blog, que je ne connait pas, et content de partager mon opinion sur ce film. Je ne me rappelait plus de la citation, faut que je le revoit bientôt !