MOTHER'S MEAT FREUD'S FLESH
Demetri Estdelacropolis aka Demitri Demitrios, 1984
Imaginez un film réalisé par Raoul Ruiz, écrit par John Waters, mis en lumière par les frères Kuchar et monté par Dusan Makavejev et vous obtenez ce petit chef d'oeuvre ultra-fauché tourné à Montréal. Trash comme on les aime.
L'histoire va comme suit: Fatigué de joué dans des films porno, Demira (joué par le réalisateur) quitte le milieu pour se retrouver au prise avec sa mère (Esther Vargas, substitue par excellence d'Edith Massey) ultra-étouffante qui ne cesse de lui parler de ses aventures amoureuses. Même s'il aimerait s'en débarrasser, Demira vie une relation quelque peut incestueuse avec sa mère qui espèrerait le voir à Hollywood.
MOTHER'S MEAT.... est un film kaléidoscopique comme il s'en fait peut. Fortement influencé par le cinéma européen et la Nouvelle Vague, ce film aurait très bien pu avoir été tournée par Paul Morrissey et l'escouade Warhol. On pense également à la facture très libre et anecdotique (très 60s, 70s) de SWEET MOVIE et des premiers Herzog. Oui oui...
Même s'il a été réalisé avec très peu de moyen, Estdelacropolis parsème suffisamment son film de bonnes idées scénaristique et de mise en scène pour garder l'intérêt pendant les 1h30 d'écoute. Les couleurs sont riches et le 16mm graineux vient accentuer les contrastes, la bande sonore constituée entièrement de chansons de TRIO vient ajouter un élément inusité et le jeu des acteurs non professionnels ajoute une touche documentaire à cette galerie de personnages (ils regardent souvent la caméra, rient en délivrant les dialogues, etc).
Il est malheureux que Cinéma Libre, seul distributeur du film, n'existe plus car ce film ne pourra jamais avoir la reconnaissance qui lui est dû. Ce film est loin d'être parfait, mais il contient une quantité assez importante de scènes mémorables (le divan qui s'avance, la mère qui chante l'hymne américain avec une passante qui s'arrête, la consultation chez le psychiatre, la mère qui regarde son fils sur la toilette (Léolo inversé), le film porno gore de la fin...) pour qu'il nous reste en mémoire bien longtemps après le visionnement.
Un must si vous aimez les ovnis cinématographiques.
En prime, un caméo de Rick Trembles (bédéiste et critique pour le Mirror).