ALLER SIMPLE POUR LA MORT aka ULTIMA PALLOTTOLA
Michele Soavi, Italie, 2003, 2 x 1h30 (téléfilm)
Le commissaire Riccardi est rappelé à Gênes pour enquêter sur une série de meurtres violents. Les victimes étant des prostituées originaires de l'Est, la procureure estime qu'il s'agit là d'une guerre des gangs entre réseaux russe et albanais. Très rapidement, Riccardi, qui a remarqué de troublantes similitudes entre chacun des meurtres, acquiert au contraire la conviction qu'il a affaire à un tueur en série, d'autant que de nouveaux crimes, tous commis selon un mode opératoire identique, surviennent bientôt. Aidé de son équipe, Riccardi met tout en œuvre pour arrêter le tueur, qui se met à frapper dans le train entre Gênes et San Giacomo…
Je ne serais sans doute jamais tombé sur ce téléfilm en deux parties, diffusé d'une traite, sur une chaîne du réseau câblé français, si je ne m'étais retrouvé coincé de façon imprévue chez moi un samedi soir. Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas regretté que ma soirée tombe à l'eau. Bénéficiant de moyens apparemment confortables, l'excellentissime Michele Soavi met toute la gomme dans ce téléfilm, inspiré de l'affaire Donato Bilancia, du nom d'un serial killer qui tua 17 personnes à Gênes entre 1998 et 2000.
Si le traitement scénaristique des faits ne s'avère pas particulièrement original, Soavi dispose de tout le talent de cinéaste requis pour élever son téléfilm bien au-dessus du tout-venant télévisuel de consommation courante. Le dosage entre psychologie et scènes strictement policières (filatures, analyse des scènes de crimes etc.) est très réussi : Giulio Scarpati incarne avec talent un flic "de terrain", meurtri à vie par le décès tragique de sa sœur, des années plus tôt, et qui va replonger dans la tragédie intime au cours de l'enquête. Au lieu de nous balancer du flash-back tire-larmes, Soavi nous met à sa place, par petites touches, grâce à quelques discrètes idées de mise en scène. Son travail en contient d'ailleurs davantage que bien des films de cinéma. Quant à Carlo Cecchi, sorte de grosse brute quinquagénaire au regard torve, il fout franchement les jetons, dans ce rôle de serial-killer "de proximité". Même si son identité est révélée rapidement, le téléfilm ne perd jamais en intérêt, Soavi en maîtrisant fort bien le crescendo dramatique. Il est au final réjouissant de constater que la télévision italienne est encore capable de produire, dans les années 2000, autre chose que des programmes à la "berlusconnerie" débilitante ! Stelvio