SALAUD aka VILLAIN
Michael Tuchner, Grande-Bretagne, 1971, 1h33.
Avec Richard Burton, Ian Mc Shane, Nigel Davenport, Fiona Lewis, Cathleen Nesbitt, Joss Ackland.
Vic Dakin, chef de gang londonien redoutable et redouté, se voit proposer un "coup", un hold-up en l'occurrence, en dehors de son territoire protégé. Par vanité et par soif de l'exploit, le gangster accepte. Cette décision n'est pas sans conséquences dans le milieu, loin de là…
"Quand il arrive à ce que le public le haïsse, un acteur est certain d'avoir fait du bon travail. Richard est magnifique. C'est exactement l'homme qu'on adore haïr" : c'est par ces mots que le réalisateur de SALAUD, Michael Tuchner, saluait la prestation de son acteur principal. Il est vrai que cet excellent film de gangsters doit beaucoup à Richard Burton (1925-1984). Dans ce rôle inspiré ouvertement des frères Krays, qui régnèrent avec férocité sur la pègre londonienne des années 60, l'acteur livre une interprétation mémorable en bandit homosexuel sadique et attaché à sa vieille mère. Le spectateur est ébahi par un tel concentré de brutalité et de vice. Mais si Tuchner rend un juste hommage à celui qui porte le film avec maestria, n'oublions pas de souligner ses qualités de mise en scène et d'écriture. Bénéficiant d'un découpage nerveux (93 minutes, alors qu'aujourd'hui le moindre polar a tendance à s'étirer sur deux heures… ou d'interminables épisodes), SALAUD offre une saisissante vue de coupe du milieu londonien du début des années 70. Il s'agit d'un film noir au meilleur sens du terme : il n'y a ni bons ni méchants, juste des personnes animées par des motivations plus ou moins haïssables. On retrouve là les caractéristiques déjà présentes dans FEAR IS THE KEY, autre petit chef d'œuvre méconnu du même cinéaste, dont Mathieu Lemée nous entretenait récemment (voir son texte bien senti). Le personnage de Lissner (Ian Mc Shane, visage familier du polar british) incarne un autre banditisme, qui fraie avec la haute société pour mieux négocier ses entrées dans la pègre… à tous les sens du terme, comme un "plot-twist" vous le prouvera. Chantage, violence (avec des "corrections" et des fusillades dignes d'un Boisset ou d'un Di Leo), sexe uniquement vénal : tout n'est que corruption dans ce film d'une noirceur à couper au couteau, sans doute le meilleur film de gangsters made in England des 70's, aux côtés du classique GET CARTER, avec Michael Caine, autre monstre sacré du cinéma britannique. Stelvio
Jaquette vidéo anglaise :
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