BREEZY - Clint Eastwood avec William Holden, Kay Lenz, Roger C. Carmel, Marj Dusay, Joan Hotchkis, États-Unis, 106m.
Breezy (le premier rôle de la candide Kay Lenz) est une hippie de 17 ans sans domicile fixe, qui est arrivée à Los Angeles depuis quelques mois. Un matin, elle se fait conduire à Hollywood par Frank (William Holden), un agent immobilier cynique qui habite seul à Beverly Hills. Le soir venu, elle cogne à sa porte et s'invite chez lui. Il considère tout d'abord Breezy comme une nuisance, mais la bonne humeur et l'optimisme ensoleillé de cette dernière auront bientôt raison de sa carapace.
On tombe parfois sur un film qu'on trouve parfait car on le visionne exactement au bon moment, et c'est ce qui m'est arrivé avec Breezy. C'est un volet méconnu de la filmographie d'Eastwood, sa troisième réalisation, et c'est un drame romantique, genre qu'il n'a pas souvent pratiqué (son seul autre étant "The Bridges of Madison County" en 1995).
La chimie entre Lenz et Holden fonctionne à merveille, et leurs échanges pleins de répartie sont un réel enchantement. Il y a une énorme tendresse dans le traitement des personnages, et bien que l'histoire d'amour joue dans les eaux clichées de l'homme plus-que-mûr qui cède à une femme considérablement plus jeune, c'est fait en toute conscience. L'entourage de Frank ne l'épargne pas, et les réactions de son entourage sont réalistes et témoignent de la complexité d'une telle relation.
Le personnage bien nommé de Breezy souffle sa fraîcheur dans la vie de Frank, le sort de sa torpeur et lui redonne un sursaut de joie de vivre. Holden est tout simplement extraordinaire dans ce rôle, et un gros plan sur son visage est parfois plus révélateur et subtil que n'importe quel dialogue.
Eastwood est toujours resté à quelques pas de distance de la contre-culture qui était à l'époque une importante force sociale en Californie, tel un observateur, pourrait-on dire, mais il nous démontre ici qu'il ne la méprisait pas. Le film est une fenêtre sur l'âme californienne en 1973, des images précieuses et quasi documentaires.
Il y a une scène où les protagonistes vont au cinéma, pour y voir High Plains Drifter, l'autre film qu'Eastwood a réalisé cette année-là. Ce genre de détail fait sourire.