SENRITSU KAIKI FILE KOWASUGI : The Final Chapter - Kôji Shiraishi avec Chika Kuboyama, Shigeo Ohsako, Kôji Shiraishi, 2015, Japon, 89m, V.O.S.T.A.
18 mois plus tard, Kudo et Ichikawa sont toujours introuvables et Tashiro est tout ce qu'il reste de l'équipe d'enquête. Avec l'argent des ventes dvd du dernier épisode, dont il a assuré le montage, il a acheté une caméra qui permet de diffuser en direct de n' importe où. Un homme apparait alors dans son appartement, Eno, qui arrive de l'univers parallèle ou sont Kudo et Ichikawa. II offre de les ramener dans sa réalité. Un monde qui a changé avec une forme humaine géante qui flotte au dessus de Shinjuku, sans parler des curieux mannequins qui envahissent la ville. Tashiro devra cependant accomplir quatre défis avant la levée du jour, s'il veut revoir ses amis. Rien de facile à l'horizon.
Sous les apparences d'un plan unique de 89 minutes, le réalisateur y va à fond dans un ésotérisme transgressif fou braque. C'est une qualité que j'apprécie. Je dis souvent que les productions indépendantes, le cinéma japonais ou italien en particulier, de par leur budget restreint, donnent une liberté pour monter des films aux scénarios différents. Une liberté qui transparait dans tous les choix. A fabriquer des films avec des bouts de ficelle, on doit rendre la chose intéressante autrement qu'avec des effets spéciaux toujours plus omniprésents et hallucinants, avec des vedettes au salaire excessif. Ca donne souvent d'excellents résultats, mais qui sont souvent formatés pour cibler des tranches larges du public. Shiraishi a travaillé cette série en commençant par de légères transgressions par rapport au genre. La violence de Kudo et le je m'en foutisme de certains effets, par exemple. Par la suite, il a patiemment construit une mythologie originale à partir de légendes de son pays. Puis il s'est drôlement amusé, jusqu'à des pointes d'humour inattendues. Jusqu'à ce qu'Eno, à deux reprises, nomme Tashiro par le nom du réalisateur. On est ailleurs, et ça fait du bien temps en temps.
Siraishi a récidivé en 2015, tournant deux autres aventures de son trio d'enquêteurs. Le monde a changé, mais Kudo, sans le sou, et sans mémoire du monde d'avant, a le réflexe de continuer. Mario Giguère