99 AND 44/100% DEAD aka Refroidi à 99% - 1974 - États-Unis - 98 minutes.
Réal.: John Frankenheimer Int.: Richard Harris, Edmond O'Brien, Bradford Dillman, Ann Turkel, Chuck Connors, Roy Jenson, Constance Ford, Kathrine Baumann, Janice Heiden, David Hall, Anthony Brubaker.
À Los Angeles, deux gangs se disputent le monopole du crime organisé et se livrent une guerre sans merci: celui de Big Eddie et celui de Uncle Frank Kelly. Ce dernier engage alors Harry Crown, l’un des meilleurs tueurs à gages du monde, pour liquider définitivement Big Eddie. Celui-ci a cependant eu la même idée en engageant également un redoutable tueur à gages pour tuer Unclr Frank: Marvin
«The Claw» Zuckerman. Cet assassin, à la différence d’Harry Crown qui possède un style décontracté, est un véritable sadique possédant une prothèse amovible où peut se greffer plusieurs types d’armes. Afin de s’assurer un avantage supplémentaire dans cette guerre de gangs, Big Eddie fait kidnapper la petite amie d’Harry, une jeune enseignante nommée Buffy. Loin de perdre son calme dans les circonstances, Harry Crowne se lance à sa rescousse tout en tentant d’accomplir sa mission initiale.
Vous cherchez un film bizarre autant qu'étrange, insolite sans être trop complexe ou ambigu? Ne cherchez plus: il y a 99 AND 44/100 DEAD. Car voilà en vérité un bien étrange pastiche du film de gangsters. Avec son titre moqueur qui fait référence à un slogan populaire d’une marque américaine de savon à vaisselle, la couleur du film est annoncée, mais on ignore où elle va nous mener. Sans crier gare dès les premières images, le film mélange abruptement la violence des fusillades, les invraisemblances des situations, et la décontraction presque insouciante des personnages. Le scénario semble avoir été bâti sur l’idée du contrepoint, alors que chaque situation apriori sérieuse ou d’emblée dangereuse pour les protagonistes, adopte un ton d’humour bédéesque inspiré de l’univers des cartoons de Tex Avery ou Chuck Jones. Ce décalage se retrouve aussi dans des réparties oscillant entre la parodie légère et la caricature cintrée, tout comme dans la musique volontiers ironique d’Henry Mancini. Il est juste dommage que les auteurs n’ont pas su trouver un enjeu dramatique original autour duquel tous ces atouts auraient pu s’exprimer à leur pleine capacité. Le vétéran John Frankenheimer livre une mise en scène à la stylistique inclassable à prime abord, ce que bien des critiques lui ont reproché à l’époque, mais qui épouse partiellement le même rythme trépidant des courts-métrages d’animation de la Warner Bros., où évoluent les célèbres personnages des
Looney Tunes. Au-delà du côté un peu brouillon de sa mise en images, on ne saurait critiquer le réalisateur d’être sorti momentanément des canons hollywoodiens en matière de films de gangsters comiques. Il y a d'ailleurs fort à parier que c'est grâce à cela que 99 AND 44/100 DEAD est devenu un film-culte qui, avec le temps, devint probablement une source d’inspiration pour des gens comme Quentin Tarantino, Robert Rodriguez ou les frères Cohen. Le jeu élégant et plein de classe de Richard Harris forme un beau contraste avec celui ironiquement sadique et venimeux de son rival Chuck Connors. Le film est disponible sur DVD, édité par
Shout Factory en programme double avec THE NICKEL RIDE.