TOTO QUI VÉCUT DEUX FOIS aka Totò che visse due volte Daniele Ciprì &
Franco Maresco avec Salvatore Gattuso, Marcello Miranda, Carlo Giordano, 1998, Italie, 95m
Prologue avec une dame à l'allure bizarre qui replace son oeil de verre, on la reverra, étonnamment, plus tard. Arrivent trois récits qui seront reliés à la fin.
Primo: Paletta, masturbateur compulsif, idiot du village maltraîté par la populace, a bien envie d'aller voir "trois cylindrées" une prostituée de réputation arrivée dans le village, mais il n'a pas d'argent. Il a bien une idée, qui se retournera fatalement contre lui.
Secundo. Veillant son fils décédé, sa mère attends son amant Féfé qui ne se pointe pas. Faut dire que le frèrot du défunt était contre ses relations homosexuelles et que Féfé a peur de manger une râclée. Pire, on se rend compte en flasbacks, que Féfé ne voulait que l'argent de la famille. Sa cupidité se concentre sur la bague du défunt, qu'il tiens à lui dérober. Faut croire qu'il a pas vu LES TROIS VISAGES DE LA PEUR de Mario Bava ! Il y a un passage durant lequel un homme cherche son cercueil, que j'aurait prit pour un fantôme, mais le générique crédite un zombi !
Tertio: voici les deux Toto, un boss de la mafia locale mais aussi une figure christique qui bougonne et tempeste contre l'humanité. Le Toto qui fait des miracle, mais qui refuse de corriger l'infirmité de Judas le Bossu, ressucite Lazare, qui sort du bain d'acide ou le Toto boss de la mafia l'avait fait dissoudre. Le mafiosi veut la tête du Jesus, qui sera trahi par Judas lors d'un repas grotesque ou Trois Cylindrées apparaît. En fait on retrouvera sur trois croix les deux personnages précédents plus un pauvre type qui viole les poules et les anges,
Je croit bien qu'il faut que je remonte à ma première vision de ERASER HEAD de David Lynch pour retrouver un sentiment d'étrangeté et de surréalisme comparable. Le film, tourné dans un magnifique noir et blanc , accumule les transgressions et les effets de mise en scène déroutants. Outre l'omniprésence des éléments sexuels et la parversion d'une certaine religiosité, les débuts et fins de scènes ou les acteurs figent, comme si un tableau se mettait à bouger l'instant d'une prise, créent un rythme singulier. Sans parler des personnages féminins tous joués par des hommes et pas des canons de beauté. Si on imagine un instant que la putain à la réputation sensationelle sera pulpeuse à la Fellini, quel choc de voir ce visage et ces forme masculines disgracieuses arriver, et les hommes de se réjouir. On pense parfois à AFFREUX SALES ET MÉCHANTS, car humour noir il y a, et rien ni personne, il me semble bien qu'il n'y a aucun enfant dans ce coin de Sicile, ne donne une lueur d'espoir.
On peut facilement imaginer les problèmes de censure dans une Italie encore fortement religieuse, du moins ou la censure était alors encore pratiquée. Ce n'est qu'au bout d'un procès de deux ans, gagné par les réalisateurs, que le film a pu sortir sur les écrans. le film a d'ailleurs fait tomber la censure cinématographique en Italie, dernier bastion européen de cette manie barbare de faire disparaître ce qui choque. Ce n'est évidemment pas un film pour tous. Le noir et blanc et la misère à l'écran accompagé de scènes 'un romantisme nostalgique des années 50 nous font parfois croire qu'il a été tourné 30 ans auparavant. On est devant une oeuvre transgressive, surréaliste, parfois drôle, souvent cruelle, qui a sa place sur les écrans et qui demande notre considération.