Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: SILIP - Elwood Perez, 1985, Philippines Mer 21 Jan - 9:35 | |
| aka: DAUGHTERS OF EVE Plutôt que d’écouter les pulsions sexuelles de son corps, la splendide Tonya (Maria Isabel Lopez, ex Miss Philippines) se tourne vers le christianisme, refoulant ainsi ses instincts naturels les plus bestiaux. Ce ne sont pourtant pas les prétendants qui manquent ; d’ailleurs le ténébreux Simon ne pense qu’à la déflorer. Et pour faire face à ces inévitables bouffées de chaleur qui l’envahissent à la vue de ce playboy local, Tonya se met la tête sous l’eau, ou se jette du sable chaud sur le vagin, quitte à le faire devant les enfants du village à qui elle enseigne les bienfaits de la religion. Tout va plus ou moins pour le mieux (façon de parler) jusqu’au retour de Selda, amie d’enfance de Tonya partie il y a bien longtemps de leur petit village de paysans pour la capitale, un petit ami américain sous le bras et affichant une attitude résolument moderne détonnant brutalement d’avec celle de ses paires. Mais ce retour ravive surtout un vieux conflit qui s’avère être à l’origine du comportement d’abstinence de Tonya… Wow le film de ouf ! C'est le genre de pelloche qu'on aimerait voir plus souvent, ça suinte le sexe de partout, les deux actrices sont incroyablement excitantes, c'est décadent, pervers, provoquant (le film s’ouvre sur l’abattage et l’équarrissement peu délicat d’un bœuf en plein soleil), et en plus c'est brillamment mis en scène et terriblement efficace (on ne voit pas filer les deux heures) autant au niveau de l’ambiance aux limites du surréalisme que de l’érotisme (bien plus poussé que ce que l’on peu imaginer : nus frontaux masculins et féminins, coïts fumants, érection… on est à deux doigts [sic] de la pornographie). On pense à Jodorowsky, principalement LA MONTAGNE SACREE et EL TOPO, en moins flippé mais plus porté sur le cul; on y retrouve cette atmosphère sulfureuse mêlant ésotérisme et mœurs locaux, seulement SILIP s'avère plus sage, mieux rythmé que les œuvres (remarquables) du chilien fou – sans doute parce que les scripts de Jodo sont trop riches pour des films de moins de trois heures... Ici, la thématique sociale est extrêmement forte, on n'est pas face à un vulgaire film d'exploitation, on y parle d’un décalage brutal entre le monde moderne et l’arrière pays représenté ici par ce minuscule village de paysans vivant dans des huttes de paille, sans électricité ni eau courante; ce n’est peut-être pas LES CHIENS DE PAILLE, mais d'une certaine manière on n'en est pas si loin; car si les deux films sont très différents au niveau de la forme, il y a matière à rapprocher le fond de chacun, de faire des parallèles, même s'ils ne sautent pas aux yeux au premier abord, et ce jusqu’au final effroyablement barbare et sans concession de ce film unique. Bref, c'est vraiment une grosse grosse claque, un film essentiel! | |
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