GLEN OR GLENDA - Ed Wood, 1953, USA

aka: LOUIS OU LOUISE

Pour son premier long métrage, Ed Wood aborde un sujet qui lui est cher : le travestissement. C’est sous le regard « complice » d’un Bela Lugosi en roue libre que l’on nous apprend les vicissitudes des hommes attirés par les vêtements des femmes. Sont-ils des détraqués, sont-ils homosexuels, sont-ils contagieux ? Autant de questions essentielles auxquelles les réalisateur apporte des réponses « scientifiquement correctes » puisqu’exposées par un docteur visiblement spécialiste en la matière.
Lui-même adepte du travestissement, l’auteur apparaît évidemment passionné. Il va même jusqu’à interprété le personnage principal (Glen/Glenda – ou Louis/Louise en France !) et prouve qu’il était peut-être meilleur acteur que réalisateur. Et comme il s’agit là d’Ed Wood et que l’artiste n’est pas franchement connu pour sa sobriété filmique, son métrage part rapidement en sucette lors d’instants réellement autres, les plus absurdes étant ceux où Bela Lugosi se pose en observateur du monde moderne depuis une pièce lugubre digne d’un film d’horreur, en tenant des propos incompréhensibles au sujet de « queues de chiots », d’ « escargots » et de « grand dragon vert devant la porte », le tout sur un ton hautement dramatique souligné par un regard inquisiteur. Des grands moments de n’importe quoi dans un film qui semble pourtant être motivé par de vagues prétentions sociologiques, voire pédagogiques. Ed Wood insiste effectivement sur les difficultés que les travestis ont à vivre avec leur condition (le film s’ouvre sur le suicide de l’un d’eux) et présente deux « cas d’école ». Le premier : le travesti de base (Ed Wood lui-même), hétérosexuel souffrant de ne pouvoir vivre au naturel sans subir les regards d’autrui – et en particulier de sa future femme. Le second : l’homme s’habillant en femme car il est une femme dans un corps d’homme – ou plus exactement un « pseudohermaphrodite » dans ce cas là ; on découvre alors un type partir à la guerre avec une valise de sous-vêtements féminins et qui va subir un changement de sexe après son retour du front ! Gravement foutraque, limite surréaliste par moment (des images de bisons en furie se superpose au portrait de Lugosi sans vraiment que l’on sache pourquoi) et sincèrement (bien qu'involontairement) drôle, GLEN OR GLENDA mérite finalement d’être plus populaire que le soporifique PLAN 9 FROM OUTER SPACE.

Entièremetn d'accord, faut dire qu'il se sent beaucoup plus concerné par son sujet puisqu'il raconte un peu sa propre vie. J'ai eu le bonheur de voir le film sur grand écran il y a des années...

Ha ha ha Mario, est-ce que ça veut dire que tu étais dans la salle du défunt Cinéma Rialto à Montréal quand cette production a été montrée lors du festival Juste pour Rire?

C'est bien là que j'ai visionné la chose sur grand écran... est-ce possible que cela fait près de 20 ans?!?!

Bingo, en plein dans le mille, oui ça fait bien au moins 20 ans, si ce n'est pas un peu plus ! J'adorait le Rialto, je me rappelle évidemment aussi des Godzilla, de 5 Million Years to Earth et de quelques autres classiques présentés dans ce sympathique vieux cinéma, reconverti en restaurant ?

Je crois que je possède encore la programmation dans mes archives...

C'est là que j'y ai vu pour la première fois FASTER PUSSYCAT! KILL! KILL!, THE TINGLER, THEY SAVED HITLER'S BRAIN et THE INCREDIBLY STRANGE CREATURES WHO STOPPED LIVING AND BECAME MIXED-UP ZOMBIES, parmi tant d'autres.

On nous proposait avant chaque représentation principale un épisode du serial américain ADVENTURES OF CAPTAIN MARVEL, touche très originale.

Également au Rialto, un autre événement mémorable a été une soirée hommage à Chuck Jones, présentant ses meilleures dessins animés de WB, avec une fort amusant période de Q&A avec l'animateur en personne (portant évidemment un joli noeud papillon caractéristique).

Le Rialto est par la suite devenu un genre de resto-café... mais son sort actuel demeure nébuleux pour moi.

Je croyais que c'etait reconverti en salle de spectacle...

En tout cas, dommage que ca n'existe plus. Il y aurait fallu un mécène pour sauver ca et ainsi que les cinéma Loews et Égyptien. J'y aurais présenté quelques primeurs les soirs d'achalandage et des séances trash et de répertoire à minuit au gré des saisons...

Et j'aime beaucoup PLAN 9, je trouve pas ca supporifique du tout. Je trouve ca, même mieux que BLACK CHRISTMAS que je n'arrive jamais à voir au complet sans m'avoir endormi après 20 minutes... Je vais d'ailleurs tenté ma chance à nouveau ce soir.