L’ESCORTE aka LA SCORTA - Ricky Tognazzi - avec Claudio Amendola, Enrico Lo Verso, Carlo Cecchi, Ricky Memphis, et la musique d'Ennio Morricone - 1993 - 1h30 - Italie
Ce film rebute probablement les allergiques aux histoires de juges embarqués dans des embrouilles avec la mafia, les élus locaux, l’Etat, la corruption, et… les marchés publics de fourniture d’eau potable.
Les chanceux dotés d’un bagage minimum, même de cinéma, sur l’histoire de l’Italie contemporaine, nageront à l’aise là-dedans. Comme des poissons dans les eaux - troubles - siciliennes.
Le film confirme que la mafia ne se contente pas d’envoyer, par la poste, des mini-cercueils en contreplaqué peint aux juges qui la dérangent, avec leurs moustaches et leurs dossiers rangés dans des attachés-cases.
Alors comme nous nous attachons de bon coeur – mais hélas de trop près - aux pas d’une équipe de 4 policiers désignés comme gardes du corps d’un Niki Lauda de la magistrature, nous nous préparons à chauffer contre le mur.
Et la tension monte. La paranoia aussi. La hiérarchie la joue règlement-règlement. Les noms des copains s’effacent de l’annuaire. Les collègues crachent dans la cafetière. Les épouses essayent en cachette des robes de veuves. Les pizzas noircissent. Les enfants qui continuent à rigoler sans rien capter finiront plus tard chez le psy.
Par moment, des exercices de tir, quelques sorties en fiat avec le gyrophare ou la bande-son donnent les allures de vieux poliziotteschi. Mais le film, globalement, est loin d’autant de déchaînements : certains diront que sa sobriété sert le réalisme et le sérieux voulu du propos, d'autres que sa sagesse colle parfaitement à Tognazzi qui ne tourne que du bon téléfilm.
Avec quelques prix dans les festivals, l’Escorte trouve une modeste place auprès des récents Arrivederci amore ciao, ou Romanzo criminale.
Au final subsistera une énigme : Ricky Memphis est-il un cowboy ? un chanteur de rockabilly ? Avec un nom pareil, en a-t-il bavé à l’école ?