CRIMINALIA aka IL MOSTRO - Luigi Zampa, Italie, 1977

CRIMINALIA aka IL MOSTRO
Luigi Zampa, Italie, 1977, 1h32.

Avec Johnny Dorelli, Sydne Rome, Renzo Palmer, Yves Beneyton.

A Rome, une série de meurtres sanglants et mystérieux se produisent. Les victimes, toutes des "people" bien connus du grand public, n’ont apparemment aucun lien entre elles. Si ce n’est que le journaliste Valerio Barigozzi, personnage hâbleur et malheureux en ménage, se trouve à chaque fois sur les lieux des crimes et reçoit des messages anonymes dactylographiés le prévenant de leur imminence. Une course contre la montre s’engage entre le reporter et le "monstre", ainsi que le surnomme le quotidien qui l’emploie, avide de sensation…

Œuvre tardive de Luigi Zampa (1905-1991), vétéran du néo-réalisme italien, ce CRIMINALIA présente un profil relativement inclassable. Le scénario l’apparente à un giallo, la jaquette vidéo française d’époque le vend comme tel. Ce n’est pas totalement mensonger : plusieurs meurtres violents viennent rythmer le long métrage. Mais le seul crime montré par Zampa se situe en tout début de bande, quand Barigozzi (Johnny Dorelli) voit un... giallo au cinéma, avec son fils de 16 ans. La fiction laisse alors la place à la réalité et les "vrais" meurtres ne tardent pas à se multiplier. Le personnage principal, qui écrit des romans de gare pour arrondir ses fins de mois, va se trouver pris entre deux statuts : celui de témoin privilégié des crimes et celui d’accusé. Le film passe sans cesse d’un niveau de lecture à un autre, alternant scènes de satire sociale et montées de tension propres au genre "giallesque", avec une caméra subjective inspirée et une jolie bande-son d’Ennio Morricone. Les travers de la presse populaire et le goût du public pour le sensationnel sont moqués avec causticité. On sent le regard, mi-tendre, mi-désabusé, d’un cinéaste âgé sur le monde tel qu’il (dé)va. Le personnage principal devient à son corps plus ou moins défendant la vedette de cette affaire criminelle, pour le meilleur (il se tape une chanteuse sexy interprétée par Sydne Rome) comme pour le pire. Plus occupé à tirer des scoops des crimes qu’à les empêcher, il finira logiquement en taule, soupçonné d’être le tueur. Jusqu’à ce qu’il découvre la terrible explication des crimes…

Intéressant à plus d’un titre, ce film, réalisé avec métier par un vieux briscard, s’avère néanmoins frustrant : l’amateur de giallo regrettera le refus de faire des crimes un prétexte à mise en scène. Sans doute une manière pour le réalisateur de jouer sur cette attente pour mieux la tromper. Et d’apporter ainsi de façon un peu roublarde de l’eau à son moulin anti-sensationnaliste. Troublant. Stelvio

La VHS traîne chez moi depuis des années, je vais m'y mettre bientôt !

Mario aka blanc citron a écrit:

La VHS traîne chez moi depuis des années, je vais m'y mettre bientôt !

Ah je te le conseille Mario ! Ca m'a fait plaisir de me retaper un giallo, ça faisait longtemps !

Stelvio

Je crois bien l'avoir aussi. Et en fait, je n'avais aucune idée de ce qui se cachait derrière ce titre.

C'est un drôle de giallo, respectueux du genre et bien tortueux comme il faut, mais dont on voit qu'il est réalisé par un cinéaste "du répertoire", avec des préoccupations "sociales". Je serai curieux d'avoir vos avis, Kero et Mario

Stelvio

Vu hier.

Malheureusement la première personne que j'ai soupçonnée d'être le coupable s'est avéré effectivement "il mostro". Mais là n'est pas le but de l'exercice, ou plutôt si, le choix du coupable renforce le thème qui dénonce l'exploitation de la violence dans les médias, spécifiquement le Giallo écrit et filmé tout comme le sensationalisme journalistique. De ce fait, il me semble que l'exercice est rare, à cette époque et je serait curieux de connaître la mesure du succès que le film a pu avoir à l'époque. Un film intéressant à tout le moins.


La belle Sydne Rome

Oui c'est un film à la fois roublard et frustrant, dénonciateur du genre mais respectueux de ses règles en même temps. Je ne sais pas si ce film avait bien marché à l'époque en Italie. ce qui est certain en revanche, c'est qu'il n'a pas été distribué en salles en France. Je viens d'éditer un chouïa mon texte, Mario, peux-tu le réenregistrer ?

Merci à toi,
Patrick

Ré-enregisté.

Ben je regrette pas de l'avoir finalement vu, y a une saveur à ces films italiens de l'époque qu'on ne retrouve pas ailleurs et en tant que gourmand visionneur... euh, gourmet !