Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: PUNK: ATTITUDE - Don Letts, 2005, Angleterre/USA Jeu 20 Mar - 3:56 | |
| La grande idée de ce documentaire, c’est d’expliquer de manière (paradoxalement ?) strcturée au travers de dates clés, d’entretiens et d’exemples pertinents ce qu’est le mouvement punk. Ca peut paraître simple comme ça, mais en réalité ce n’est pas si évident, surtout aujourd’hui, puisque que le terme « punk » a été largement galvaudés et repris d’une part par des groupes poseurs à destination des pisseuses bourgeoises et d’autre part par la presse et l’industrie du disque qui en ont largement détourné le sens premier. Et pour partir du bon pied, il suffit de s’arrêter sur le titre du film lui-même : avant d’être un style musical, le mouvement punk est en effet caractérisé par une attitude, un état d’esprit. Et celui-ci, c’est de se tourner face aux corporations, aux multinationales de toutes natures, à l’establishment, et de leur dresser un énorme majeur en pleine gueule en leur criant « je fais ce que j’ai envie de faire et je t’emmerde ! ». Et le film n’hésite pas à citer un gars comme Jerry Lee Lewis comme un précurseur, ou tout du moins comme influence du fait de son attitude scénique provocatrice, ou même Elvis en personne dont le déhanchement outrait les plus de vingt-cinq ans. Absurde ? Pas tant que ça, car il ne s’agissait finalement que de prémices par lesquels il fallut passer pour, petit à petit, parvenir à Iggy Pop dont le jeu de scène tournait carrément à l’obscénité. Puis vint le Velvet Underground qui explosait l’idéal hippie à grand renfort de paroles dépressives et délaissait le LSD au profit de l’héroïne. Un groupe qu’on aurait du mal à catégoriser comme punk d’un point de vue strictement musical, mais qui en incarnait à lui seul l’essence. Après cette brève introduction, on rentre dans le vif du sujet, et là où le documentaire fait montre d’une certaine pertinence, c’est qu’il s’adresse aussi bien aux « anciens » qui ont côtoyé la scène (dont fait d’ailleurs partie le réalisateur du film, DJ londonien à l’époque de l’explosion de la scène punk anglaise), qu’aux amateurs de musique pour qui le film retrace une période clé de l’histoire de la musique moderne, aux néophytes (qui continuent en général de croire que la scène punk est née à Londres) à condition qu’ils ne regardent pas le film en espérant y découvrir la musique elle-même, et aux nostalgiques (qui retrouveront les murs du CBGB et quelques images d’époques montrant les Ramones lors de leurs premières scènes, les Sex Pistols jurant sur un plateau télé, les New York Dolls étalant leur excentricité ou même Suicide qui révolutionnaient absolument toute la donne musicale à eux seuls). Niveau témoignages, le film propose des entrevues de quelques incontournables, comme Henry Rollins, figure majeure du mouvement qui se prononce en tant qu’érudit mais qui sait aussi se montrer critique par rapport à la relative fermeture d’esprit que le publique « punk » a commencé à adopter dans les années 1980 ; Jello Biaffra, qui s’exprime mieux que personne en ce qui concerne l’implication politique et idéologique du mouvement ; Thurston Moore en tant que musicien inspiré – entre autre – par tout le courant punk ; James Chance, figure emblématique du mouvement no wave que même les punks ne comprenaient pas ; ainsi que des membres des Sex Pistols, des Clash, de New York Dolls, d’Agnostic Front, de Bad Brains, des Ramones, de Siouxsie and the Banshees, etc…, et une quantité d’anecdotes incroyables sur des groupes ou des événements inattendus comme Ian McKaye et l’irruption de l’idéologie straight edge (« la contre culture de la contre culture » comme ils le qualifient) ou les Bad Brains en tant que premier groupe de punk/hardcore noir, jusqu’à Nirvana qui souhaitait plus que tout conserver cette idéologie mais qui ne put faire front face à la machine à fric que représentaient MTV et l’industrie du disque, machine qui poussa finalement Kurt Cobain à mettre fin à ses jours puisqu’il était devenu ce qu’il détestait le plus. La mort de Cobain, selon l’auteur du film et de quelques intervenants, correspond plus ou moins à la fin de la musique punk, mais pas de son idéologie, car des Biaffra ou des McKay continuent de bidouiller dans leurs coins en appliquant des méthodes DIY et en envoyant chier les majors… L’essentiel du message est donc parfaitement clair et Don Letts enrichit encore son film de quelques éléments pas si anodins que ça, en abordant notamment le sujet de la mode vestimentaire « punk » qui commença par accident lorsque Richard Hell, sur la photo de son premier album, apparaissait avec des fringues rapiécés à l’aide d’épingles. Trouvant cela tellement cool, les anglais ont commencé à déchirer leurs frusques pour ensuite les rafistoler de la sorte, alors que pour Hell, la raison était simplement économique. De là, la scène londonienne devint un vrai freakshow paradoxalement très tendance, et même si ni les Sex Pistols, ni les Clash ne portaient de crêtes sur le crâne, d’agrafes dans la gueule ou de fringues immédiatement identifiables, une grande partie de leur public devint un regroupement de curiosités pour première page de tabloïdes. Délibérément, Don Letts laisse aussi de côté les groupes de punk radicaux, comme The Exploited qui délaissait l’idéologie politique pour un comportement simplement vulgaire, ou GG Allin – pour des raisons sans doute évidentes – mais aussi la grande partie de la scène des années 1980. PUNK : ATTITUDE se concentre donc sur ce que son auteur considère comme la seule véritable scène punk anglo-saxonne qui ait existé (les autres pays, comme la France, ne sont pas cités). Personnellement je n’abonde pas totalement dans son sens, lui adopte le point de vue de quelqu’un qui vécut cette période, qui en était même un acteur reconnu et il semble qu’il lui manque un peu de recul par rapport à ce qui s’est déroulé par la suite (ça nous pend probablement tous au nez, mais n’est-ce pas un peu contradictoire lorsqu’on en vient au punk ?) mais le but du film n’est évidemment pas là, on l’aura bien compris. | |
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Raphael
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 28/05/2007
| Sujet: Re: PUNK: ATTITUDE - Don Letts, 2005, Angleterre/USA Lun 24 Mar - 5:07 | |
| - Kerozene a écrit:
- le film n’hésite pas à citer un gars comme Jerry Lee Lewis comme un précurseur, ou tout du moins comme influence du fait de son attitude scénique provocatrice, ou même Elvis en personne dont le déhanchement outrait les plus de vingt-cinq ans. Absurde ? Pas tant que ça, car il ne s’agissait finalement que de prémices par lesquels il fallut passer pour, petit à petit, parvenir à Iggy Pop dont le jeu de scène tournait carrément à l’obscénité.
Il y a une excellente scène sur l'inventeur du punk dans le Hippy Porn de Jon Moritsugu. Je crois qu'il remonte jusqu'à Errol Flynn ! | |
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Kerozene
Nombre de messages : 3521 Date d'inscription : 16/01/2006
| Sujet: Re: PUNK: ATTITUDE - Don Letts, 2005, Angleterre/USA Mar 25 Mar - 3:50 | |
| Je ne me souviens pas exactement de la scène dont tu parles - à vrai dire je n'ai que des souvenirs éparses d'HIPPY PORN (se farcir l'intégrale de Moritsugu à la suite peut avoir des effets néfastes sur les neurones)... Mais là tu m'a donné envie d'extirper ma VHS du fond de ma malle | |
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Raphael
Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 28/05/2007
| Sujet: Re: PUNK: ATTITUDE - Don Letts, 2005, Angleterre/USA Mar 25 Mar - 10:45 | |
| C'est la scène où le personnage de Mick sniffe une bombe de peinture dans des toilettes. Il commence par un truc du genre "the question is who invented punk ?" et déballe une liste de noms de Johnny Rotten à Errol Flynn ou quelque chose dans le genre. | |
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| Sujet: Re: PUNK: ATTITUDE - Don Letts, 2005, Angleterre/USA | |
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